Anna Politkovskaïa, journaliste Russe indépendante travaillant exclusivement sur les agissements de l’armée Russe en Tchétchénie et des milices pro Russes dirigées par Ramzam Kadyrov, président de l’actuel Tchétchénie, est découverte assassinée dans la cage d’escalier de son immeuble à Moscou, le 7 octobre 2006. Son corps est criblé de quatre balles. Un pistolet et quatre balles seront retrouvés à proximité de son corps. Le 7 octobre 2006, Vladimir Poutine, président Russe, fête justement ses 56 ans. Les articles d‘Anna Politkovskaïa, publiés par le journal en ligne Navaïa Gazeta, qui mettent régulièrement en lumière les atteintes aux droits de l’homme les plus élémentaires de l’armée Rouge et de ses milices Tchétchènes délocalisées, reçoivent surtout un écho international, peu de Russes connaissent en effet, cette femme, née à New-York de parents diplomates et mère de deux enfants.

C’est ce qui poussera le président Russe à dire qu’au fond, au regard de son audience, Anna Politkovskaïa ne représentait absolument pas un danger pour lui et par conséquent, qu’il n’avait pas grand intérêt à la faire disparaître… Le 9 octobre 2007, un procureur général répondant au doux nom de Tchaïka, déclarera l’affaire Anna Politkovskaïa élucidée, en annonçant l’arrestation de dix suspects dont les noms sont toujours restés anonymes. Mais si de curieux suspects ont bien été arrêtés, on ne sait toujours rien sur le commanditaire du meurtre… L’histoire nous a montré que pour être exécuté, un ordre n’avait pas forcément besoin d’être commandé oralement ou par écrit, le zèle n’ayant, à ce stade, aucune limite… Dans une circulaire interne au bureau de la présidence Russe, Vladislav Sourkov, homme d’affaires Russe d’origine Tchétchène considéré comme la tête pensante de V. Poutine, écrira, que « les ennemis de l’état se divisent en deux catégories : ceux qu’on peut ramener à la raison et les incorrigibles. Avec ces derniers, il n’était pas possible de dialoguer, ce qui les rend non rééducables… ». C.Q.F.D.

« Femme non – rééducable » est le second spectacle cette saison mis en scène par Arnaud Meunier, directeur de la Comédie, dont le texte est écrit par le jeune auteur italien Stefano Massini. Le premier texte, « Chapitres de la chute » concernait la saga des frères et banquiers de Lehman Brothers… Le texte de S. Massini, écrit en 2007 et adapté à l’écran en 2009 par Felipa Cappa, rend donc une forme d’hommage posthume à la journaliste Russe sans pour autant la transformer en héroïne martyre ou figure sacrificielle. Il dresse plutôt la silhouette complexe d’une femme ordinaire, motivée par une inaltérable soif d’informer et de vérités. La grande Anne Alvaro incarnera cette femme qui ne voulait qu’observer et raconter. Se fier aux faits. Seulement aux faits. Et les faits peuvent coûter cher, très chers…

Comédie de Saint-Etienne
A partir du 25 Février