Eugène Onéguine, un jeune homme égoïste qui profite confortablement d’un bel héritage, rejette l’amour naissant de Tatiana et s’engage dans un duel fatal à Lenski, son meilleur ami pourtant. Des années plus tard, Eugène croise à nouveau Tatiana, devenue l’épouse du prince Grémine. Il tombe alors amoureux de celle qu’il rejeta quelques années auparavant. Tatiana repoussera à son tour les déclarations d’amour d’Onéguine. C’est bien cette évocation nostalgique admirablement décrite par Alexandre Pouchkine, celle d’un monde finissant dont les personnages sont animés du souvenir de leur jeunesse heureuse dont s’inspirera, remarquablement d’ailleurs, Piotr I. Tchaïkovski.

On sait que le langage musical de Tchaïkovski a été fortement influencé par les romantiques allemands et par Hector Berlioz pour l’orchestration. Son œuvre est également porteuse de la tradition russe initiée plus tôt par Mikhaïl Glinka. D’une très grande sensibilité, sa musique est mélodique et souvent richement orchestrée. Pour certains, elle paraît même d’une réalisation un peu facile. Néanmoins, Tchaïkovski reste le maître de toute une génération de musiciens russes et compte parmi les rares compositeurs qui n’ont pas été étouffés par l’aura de Richard Wagner. C’est en villégiature à San Remo qu’il termine « Eugène Oguénine », une œuvre qu’il offre alors aux étudiants du Conservatoire de Moscou. Son grand succès la transportera deux ans plus tard au Théâtre Bolchoï.

Opéra de Saint-Étienne – Les 5, 7 et 9 avril