Il y a un peu plus de deux ans débutait en Tunisie ce qu’on allait appeler le « Printemps Arabe ». Les premières émeutes se déroulèrent à la mi-décembre 2010 du côté de Sidi-Bouzid avec comme étincelle, le suicide par dépit et immolation d’un modeste vendeur ambulant tunisien. Les émeutes gagneront peu à peu une partie des états voisins de la Tunisie : la Libye, la Syrie, l’Égypte, l’Algérie, le Qatar et le Maroc avec des effets bien contrastés. Pour quel résultat au final ? Une instabilité politique en Tunisie et en Égypte avec l’avènement des Frères Musulmans (ou de leurs partis satellites), une situation explosive et incompréhensive en Libye, une guerre civile en Syrie et, curieusement, un statu quo généralisé dans les autres pays (Algérie, Maroc, Qatar, Émirats Arabes Unis). Rappelons, à toutes fins utiles, que Nicolas Sarkozy reçut en grande pompe, lors de son mandat présidentiel, M. Kadhafi et B. El Assad, tous deux désignés plus tard comme des dictateurs absolus (avec la fin tragique que l’on sait pour le Colonel Kadhafi dont on dit que l’assassinat porterait le sceau des forces spéciales de l’armée française). Z. Tiakeddine, homme d’affaires et intermédiaire libanais, ami des amis de N. Sarkozy (B. Hortefeux et J-F. Copé ont séjourné chez lui dans sa villa Tropézienne), affirmait, il y a encore peu, détenir les preuves d’un financement massif (plusieurs dizaines de millions d’euros) de l’ancien gouvernement Libyen en faveur de l’UMP (et donc de N. Sarkozy). Ceci expliquerait cela… Il aurait informé le juge Van Rumbeycke de l’ensemble du dossier… Attendons de voir si la justice Française est aussi indépendante qu’on le dit.

Mais cette redéfinition géopolitique du Moyen Orient dépasse de loin les simples intérêts franco-français. Cette redistribution des cartes prend un sens nouveau lorsqu’on la croise avec une autre information passée sous silence au moment de sa sortie. L’action se déroule aux États-Unis lors d’une conférence de presse donnée en octobre 2007 par Wisley Clark, général 4 étoiles de l’armée des États-Unis, ex-commandant en chef des armées US en Europe, ex-commandant en chef des forces militaires de l’Otan et ancien candidat à l’investiture Démocrate (il ralliera ensuite l’investiture de B. Obama en 2008). Ce ponte de l’armée américaine raconte comment, quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, il rencontra furtivement le secrétaire d’État à la Défense, Donald Rumsfled, et l’un de ses anciens collaborateurs, un officier de l’État-Major en poste auprès du Secrétaire d’État à la Défense. Ce dernier, qui avait servi sous ses ordres, lui montre un mémo, signé du Secrétaire à la Défense et censé devoir rester secret, qui annonçait que les États-Unis d’Amérique allaient détruire les gouvernements de 7 pays en 5 ans. Les 7 pays en question étant l’Irak, la Libye, la Syrie, le Liban, la Somalie, le Soudan et l’Iran. W. Clark relate également une discussion datant de 1991 avec Paul Wolfowitz, alors sous-secrétaire d’État à la Défense et devenu Vice-Secrétaire d’État à la Défense au moment des attentats de New York. P. Wolfowitz lui prédit alors que « les États-Unis avaient 5 ou 10 ans pour nettoyer tous les anciens régimes favorables à l’ex-Union soviétique, la Syrie, l’Iran, l’Irak, avant que la prochaine superpuissance (la Chine…) n’émerge pour les défier. Un projet plus connu sous le nom de Projet pour le Nouveau Siècle Américain (PNAC), un think tank composé de néoconservateurs qui inspirera toute la politique étrangère de la famille Bush (père et fils).

Avec le recul, et lorsqu’on voit la façon avec laquelle l’invasion (la seconde) de l’Irak s’est déclenchée (avec la fumisterie des armes de destructions massives de S. Hussein), on ne peut que rester interloqué par les propos tenus par W. Clark, qui est, rappelons-le, tout sauf un guignol (tendance Jean-Marie Bigard) ! Avec la sécession du Sud Soudan, l’anarchie qui règne toujours en Somalie, la précarité du régime Libanais, la guerre civile qui officie en Syrie et les divisions communautaires qui gangrènent la Libye, on ne peut que constater, effectivement, la destruction des gouvernements de chacun de ces pays. Pourquoi ces pays se sont-ils enflammés alors que l’Algérie, le Maroc, le Qatar ou l’Arabie Saoudite, eux aussi touchés par le Printemps Arabe, ont-ils résisté à l’implosion ? Reste donc le cas de l’Iran… On le sait, le gouvernement Israélien n’attendait que le feu vert des Américains pour lancer ses fameuses frappes préventives et plonger tout le Moyen Orient vers le chaos. Malheureusement pour Benjamin Netanyahu qui dirige le gouvernement Israélien, Barack Obama a été réélu. On connaît la nature des relations qui lient les deux présidents Américain et Israélien. Le second tenant, grâce à ses relais et lobbys sur place, le premier par les couilles. Ce que le premier ne supporte visiblement plus… La nomination du Chuck Hagel (républicain pourtant) au poste de secrétaire à la défense du nouveau gouvernement de B. Obama constitue un premier élément de réponse. Lindsey Graham, autre républicain et néo-conservateur convaincu, a déclaré que le choix de C. Hagel « serait le plus hostile à Israël de toute l’histoire des États-Unis »… Ce qui nous donne un début de réponse.