Dans un quartier branché de la capitale, on retrouve deux couples d’amis, Chris Bailey – Judith Lazard et Paul Adler – Albertine Langlois, de l’autre, qui se retrouvent pour dîner le 9 juillet 2006, soir de la Finale de la Coupe du Monde de Football qui oppose la France à l’Italie (avec au final, le résultat que l’on connaît). Chris et Paul sont amis de longue date. L’un est un journaliste très en vogue, doté une magnifique écharpe rouge, l’autre est un homme politique issu de la mouvance socialiste. Entre certitudes, hésitations, points de rencontre, lignes de fuite, les conversations mêlent les aléas de l’intime au commentaire sur l’actualité politique, comme si les deux s’entrelaçaient, se rejoignaient jusqu’à se confondre. « Doutes » suit l’évolution de cette amitié sur six années, d’appartements, en cafés, en passant par une loge de théâtre et un cabinet de psychanalyste… Tour à tour les relations amicales, entre hommes, entre femmes, entre hommes et femmes, sont mises à jour mais aussi les relations amoureuses qui se nouent et se dénouent en même temps que la croyance en la gauche s’entête ou se délite. Entre la primaire socialiste pour la Présidentielle 2007 et le scrutin de la Présidentielle 2012, le politologue, l’historienne, le journaliste et la comédienne traversent cette époque où la croyance est mise à mal, jusqu’à voir leurs ressorts les plus personnels se casser.

« Doutes » est, sans doute, le parfait symbole du grand cinéma d’auteur à la française, pensé pour une élite oligarchique et destiné à une frange très limitée de la population. « Doutes » représente bien le fonctionnement de notre société, un système de fonctionnement qui tourne exclusivement autour des réseaux et qui, au final, s’auto-alimente, s’auto-gère et s’auto-asphyxie. C’est bien là, le mal de cette France qui ne parvient pas à se défaire d’un fonctionnement issu de son glorieux passé monarchique. Les initiés d’un côté, les gueux de l’autre. La réalisatrice de « Doutes » n’est autre que Yamini Lila Kumar, compagne de Christophe Barbier, intermittent de l’information télé et par ailleurs patron de L’Express, proche de Carla Bruni et de Nicolas Sarkozy. Yamini Lila Kumar est également proche de Bernard Henry Lévy, autre intermittent du spectacle télévisuel, qui fût un temps président de la commission d’Avance sur recettes du centre national de la cinématographie, proche de Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni à qui l’on prêta une aventure avec Benjamin Biolay, acteur principal de « Doutes » et, autrefois chanteur pour bobos parisiens. Il paraît que Marc Olivier Fogiel adore Benjamin Biolay, c’est dire… Ce cinéma qui semble ignorer toute réalité sociale au profit de vagues analyses psychodramatiques ou psychanalytiques, n’a-t-il pas atteint ses limites ? Du moins, on le pensait…

Sortie 13 novembre