On vous a déjà parlé du débat qui met le feu actuellement au Rap Hexagonal. À la base, un ouvrage critique de Mathias Cardet, « L’effroyable imposture du Rap ». L’auteur, en gros, dénonce la manipulation (provenant des médias et du pouvoir politique essentiellement détenus par les hommes blancs) aux États-Unis qui a conduit le mouvement Hip-Hop à étouffer le mouvement d’émancipation de la population afro-américaine afin d’abrutir les jeunes afro-américains. M. Cardet montre également les dérives du Rap Hexagonale qui aurait singé le modèle américain… Il est vrai que les tribulations pitoyables du duo Booba-La Fouine à Miami, non loin des non moins ridicules Anges de la Téléréalité (une coïncidence seulement ?) plaident plutôt en faveur de M. Cardet. De la même façon, il peut être aussi lassant d’entendre toujours et encore les mêmes refrains sur la victimisation répétée d’une population immigrée qui ne l’est plus vraiment depuis trois belles générations (pour certains) ! et les dérives du passé colonial français…
Mais pour autant, on ne peut nier toute une mouvance du Rap français qui a su s’émanciper avec toutes les dérives de ce show-business peu ragoûtant ; Une mouvance qui a su réinventer des sons, renouveler ses éléments de langage, également. On pourrait évoquer la petite et marseillaise Keny Arkana, qui il y a peu enflamma la scène du Fil, la Rumeur, Oxmo Puccino, Orelsan, pour ne citer qu’eux, sans oublier le dernier titre fracassant de Kery James qui, avec « Constat amer », une de ses ultimes compositions, pose toutes une série d’évidences percutantes et pas si faciles à entendre. Et dans cette mouvance digne d’intérêt, puisque tous ces artistes participent à la régénération de la grande Chanson Française, Disiz tient bonne place.
Natif d’Amiens, Disiz, alias Sérigne M’Baye Gueye est d’origine Sénégalaise et grandit du côté d’Evry. Il connaîtra un succès fulgurant dès sa première production à l’orée du nouveau siècle, « Le Poisson rouge » qui se vend à plus de 200 000 exemplaires et 500 000 singles. Cette notoriété fulgurante, le rappeur la mettra à disposition de Ségolène Royal, lors de sa candidature à l’élection présidentielle en 2007. Quelques mois après cet engagement, Disiz avouera cependant avoir été manipulé par l’appareil socialiste… Dépité également par ce Rap puéril et vendu, Disiz annonce en 2009 la fin de sa carrière dans le Rap pour se tourner vers le Rock et la Pop, deux courants musicaux qu’il a beaucoup écoutés plus jeune. En octobre dernier, Disiz présente « Extra Lucide », son huitième album, avec un flow toujours aussi percutant, des rimes efficaces et des punch-lines d’une belle efficacité. Mais sa page Rock, Pop & Synthé n’est pas définitivement tournée puisque Disiz n’hésite plus à chanter sur plusieurs titres. Sans jamais manquer d’humour à l’image du titre « Go go gadget », avec la participation de Orelsan, qui s’offre un sample du célèbre dessin animé « Inspecteur Gadget »,
Le Fil – Saint-Étienne
Vendredi 19 avril à 20 h 30