Humoriste contesté, Dieudonné ne laisse personne indifférent. Ses détracteurs le rejettent violemment, ses admirateurs le soutiennent sans limite. Une rencontre réalisée dans un salon prévu pour les mariages orientaux au cœur de la Cité Phocéenne, un décor étonnamment dépouillé, un quartier très populaire. Sans aucun relais médiatique, Dieudonné y donnera 4 représentations affichant complet pour une salle d’environ 450 places. Rencontre :

Vous ne vous en souvenez certainement pas mais nous nous étions rencontrés une première fois en 1994 du côté de Rive-de-Gier, vous étiez alors avec Élie Sémoun…
Avec Élie, oui, Rive-de-Gier, ça me dit effectivement quelque chose, ça fait longtemps… 20 ans déjà, cela devait être le second spectacle…

Que de chemin parcouru…
C’est vrai…

Un parcours parfois très turbulent…
Un parcours logique lorsqu’on exerce, comme moi, cette profession d’humoriste. On est fatalement confronté à certaines incohérences qu’on essaie ensuite de commenter… On peut être un bouffon de divertissement, ce que sont beaucoup d’autres humoristes, ou un bouffon un peu plus politique, ce que je suis. Alors, comme à l’époque des Rois, on est brocardé, écarté, raillé… Il y en a eu d’autres avant moi… Souvenons-nous, toutes proportions gardées bien sûr, que Molière avait été écarté du système… Plus récemment, il y a eu Coluche, Bedos…

Vous écrivez un one-man-show par an. Vous êtes très productif dans le métier…
Par rapport aux autres oui. Mais je reviens aussi à la tradition d’un spectacle par saison. C’était ce qui se faisait au Café de la Gare dans les années 70. Ce n’est pas si nouveau. L’actualité, très riche, aide aussi à la création…

Certains de vos précédents spectacles ont été écrits en réaction à votre actualité plutôt chaude alors…
C’est vrai.

« Foxtrot », votre nouveau spectacle, s’appuie lui sur des sketches…
Il y a des sketches mais je parle aussi de ce qui m’arrive en ce moment car je situe toujours un spectacle dans son contexte. « Foxtrot » est né sur mon désir d’aborder la thématique de la danse.

Pourquoi ?
Je trouvais qu’il s’agissait d’un thème très intéressant. À travers la danse, je crois qu’on peut définir un caractère ou un état d’esprit d’une population. Je suis d’origine camerounaise, par mon père et bretonne, par ma mère. Aussi bien pour les Camerounais que pour les Bretons, la danse et la musique revêtent une place très importante dans leur société. J’ai toujours été étonné qu’au Cameroun aussi bien qu’en Bretagne, la danse rythme souvent les grands moments de l’existence. Vous connaissez sans doute les Festnoz…
On ne danse pas de la même façon au Cameroun qu’en Bretagne !
C’est indéniable, mais il y a des choses communes. La musique est très présente.

On dit aussi que les Noirs, généralement, ont le rythme dans la peau…
J’évoque, bien sûr, ce cliché dans le spectacle. C’est étonnant de constater la place de la danse et de la musique dans ces populations, à la base, très pacifiques. Que ce soit d’ailleurs dans les îles aussi. Partout où l’on danse, on s’aperçoit que les sociétés ont pris un certain retard sur leur équipement militaire… On danse beaucoup au Brésil, par exemple, qui n’est pas un pays très belliqueux bien qu’émergent…

C’est le cas de toute l’Amérique Latine…
Oui, le Vénézuela, l’Argentine avec le Tango…, ces nations émergent actuellement. La danse, dans ce nouveau spectacle, est l’angle d’attaque ou le prisme à travers lequel j’aborde d’autres problématiques très contemporaines.

Au Brésil, la Capoeira a une histoire spécifique…
Elle est intimement liée à l’esclavage, les esclaves à l’époque avaient les jambes reliées par les chaînes, du coup, cela a donné une chorégraphie spécifique. La danse permet de caractériser les formes de sociétés, plus que la musique, car la danse touche directement au corps, la danse parle tout de suite. La musique, parfois, est plus intellectualisée. Dans les îles, les indigènes accueillaient les navigateurs avec des danses… Il y a aussi le fameux haka que dansent les rugbymen néozélandais…

Une danse guerrière pour le coup…
Oui. C’est une danse qui doit faire peur, les Indiens avaient aussi ce type de danse, une sorte de motivation chorégraphique collective avant de combattre. La danse, comme l’humour, est présente partout.

N’est-ce pas aussi pour vous l’occasion d’aborder une thématique nouvelle ?
Il y a tellement de choses dont je pourrais parler. J’ai eu l’occasion de beaucoup voyager ces dernières années, au Proche Orient, en Afrique, en Amérique Latine. J’ai été confronté à toutes sortes d’adversités, j’ai pu découvrir certaines choses que je voudrais raconter. J’ai joué au Liban, j’ai vu Hugo Chavez, l’Iran… Toutes ces rencontres m’ont permis d’avoir une autre vision du monde.

Une vision plus politique ?
À la base je ne suis qu’un humoriste, ne l’oublions pas. Même si je me suis confronté au monde politique, au fond de moi, je n’ai jamais eu aucune ambition politique.
Même lorsque vous vous êtes présenté à Dreux contre M.F. Stirbois ?
Complètement. C’était en 1997, je crois… À l’époque, il était assez évident et naturel de combattre le Front National pour un artiste. Cela allait de soi. J’ai grandi dans cette logique antiraciste. Je me suis présenté à ces élections et engagé dans la politique pour tenter de comprendre ce monde politique. Et j’ai rapidement compris. J’ai évolué sur ces notions de racisme et son instrumentalisation. J’ai compris à quoi servait le racisme comme argument politique.

Dans ce spectacle, vous jouez plus encore vos « personnages »…
Je m’amuse beaucoup à jouer… La grande différence avec mes autres collègues humoristes, je crois, se situe à ce niveau. Au niveau du jeu. J’ai nettement l’impression que mes collègues humoristes travaillent beaucoup moins que moi sur scène. Je fais un spectacle par an et chaque spectacle, je le joue énormément.

Vous êtes l’un des plus grands vendeurs de billet dans votre domaine, l’humour…
C’est vrai. Je joue entre 250 et 300 fois chaque spectacle. Ce soir (la rencontre a eu lieu à Marseille – N.D.L.R.), je le joue deux fois, la semaine dernière je l’ai joué 10 fois. La répétition, comme on le sait, reste une des bases de la pratique artistique. On acquiert, au fil du temps et par le travail, une dimension finale plus aboutie.

Le fait de jouer dans des petites salles, cela ne vous a-t-il pas forcé à travailler votre jeu ?
Forcément. Pour jouer autant, je joue effectivement dans des petites salles. J’ai joué dans des autobus, des appartements mais je jouerai aussi dans des Zéniths. Je pense que si on ne joue que dans des Zéniths, on ne peut travailler réellement son jeu. Un Zénith devrait être quelque chose de plus ponctuel. On ne devrait jouer dans un Zénith que lorsqu’on maîtrise parfaitement un spectacle. Or, souvent, certains démarrent directement par des Zéniths. La plupart des extraits que je vois sur internet de mes collègues qui jouent dans des grosses salles ne sont pas assez travaillés à mon sens. Le Zénith devrait être un aboutissement. Or dans ce show-business, le côté business passe avant le côté show.

Lorsque des gens qui ne vous connaissent pas découvrent vos sketches, via internet notamment, ils sont étonnés de voir quelqu’un d’autre que celui dont parlent les médias…
Je dirais que j’ai beaucoup travaillé pour en arriver là. Quand je regarde mon parcours, c’est sûr, il y a certains événements que j’ai dû provoquer, par mon caractère, oui. Je crois aussi que je me suis adapté aux situations de conflits que j’ai sans doute provoquées… Je crois qu’il y a eu aussi un traitement, me concernant, très disproportionné. Cela faisait des dizaines d’années, qu’on n’avait pas interdit à quelqu’un d’exercer sa profession… Je n’ai jamais tué personne, non plus.

Vous pensez que la censure vous a particulièrement visé ?
À ma connaissance, je suis le seul dans ce cas. Peut-être faudrait-il remonter à Molière pour trouver dans l’histoire un sketch condamné. C’est étonnant. Quand je me retourne sur mon parcours, j’ai toujours l’impression d’avoir fait mon travail. Simplement. Je constate que j’ai beaucoup joué et que sur scène, aujourd’hui, on en mesure les résultats. Il me semble que j’ai acquis une maîtrise de mon métier. C’est le travail. Et je crois que j’ai travaillé dix fois plus que tous les autres, ce serait le diable si tout ça ne portait pas ses fruits, non plus ! Après, je ne dis pas que les autres humoristes ne travaillent pas, mais généralement, ils font tout un tas de choses, du cinéma, de la télé, des pubs… Ils s’éparpillent. Alors que moi, je n’ai plus fait de cinéma…

Parce qu’on n’a plus voulu de vous ?
C’est possible mais cela m’a permis de me concentrer uniquement sur la scène. Quand je vois tous ces jeunes humoristes qui viennent me voir en me disant que je suis leur source d’inspiration…

Ne le disent-ils pas en privé uniquement ?
Oui mais, de plus en plus, ils le disent publiquement. Prenez Foresti, Astier, Bedos… Ils le disent publiquement.

Vous aimez traiter de sujets tabous… Le Cancer, l’Islam, Jésus Christ, l’homosexualité, les juifs…
Je pense que chacun a sa perception du tabou. L’histoire de notre métier débute avec le bouffon du roi, comme je le disais. Le bouffon abordait les sujets qui fâchaient. Je n’ai jamais été dans le divertissement pur et dur, comme la plupart de mes collègues. Je me sens proche de ce personnage du bouffon qui n’hésite pas à dire certaines vérités qui pouvaient contrarier jusqu’au roi. Mais c’est bien de cette gêne que naît le rire, non ? Je crois, qu’aujourd’hui, le peuple a besoin d’entendre ces vérités qui, je le sais, dérangent nos élites. Nos élites doivent accepter les moqueries du bouffon.
Elles en avaient perdu l’habitude certainement…
Mais le temps est venu d’y revenir. Je crois que les notions de Sacré se sont déplacées aujourd’hui. Certains sujets sont sacrés. Curieusement, ces sujets sacrés ne sont plus d’ordre religieux mais plutôt historiques. Ces dernières années, par exemple, l’homosexualité est devenue taboue. Si vous osez faire preuve de critique, ça ne passe plus. Je ne suis pas sûr que « La cage aux folles » pourrait aujourd’hui se monter en France. Le pouvoir n’a jamais été aussi compliqué. C’est à la fois un pouvoir qui accuse systématiquement d’homophobie, de racisme ou d’antisémitisme et qui, sur d’autres sujets, comme les caricatures de Mahomet, le Pape ou même le catholicisme, voudrait une liberté d’expression totale. Je suis de tradition chrétienne, c’est comme ça, même si je me sens plus proche du Christ que du Pape. Je trouve que les catholiques, comme les musulmans sont attaqués de toutes parts. On a chassé des prophètes pour les remplacer par une morale et des valeurs prétendues laïques mais via une laïcité plutôt haineuse ou restrictive. Lorsque je regarde tous les philosophes qui ont imaginé ce concept de laïcité, ils ont été pour la plupart très tolérants envers d’autres injustices. Il faut lire certains écrits de ces philosophes sur les peuples Africains notamment. Certains ont été immondes. On parle beaucoup de Jules Ferry, il faut relire ce qu’il a écrit sur la colonisation ! La prétention de ces philosophes était, sur ces sujets, infinie. Je ne suis pas pour un retour du religieux, loin de là… mais cette forme de laïcité me gène. Il n’est pas non plus question d’occulter le mal qu’ont fait toutes les religions non plus. Pour revenir au Pape, je trouve très bien qu’il se retire ainsi. C’est la première fois que j’ai un représentant de l’église catholique qui me paraît digne.

Et, qui plus est, il est allemand…
J’entends ici ou là certains me rappeler sa jeunesse Hitlérienne… Je respecte son départ, il est magnifique. Une forme de sagesse. Il nous donne à croire. Oui.

Vous évoquiez Alexandre Astier. Il a déclaré, vous concernant, avoir « honte d’être dans un pays où l’on interdisait à un artiste de jouer »…
Avec cette nouvelle tournée, nos élites vont s’apercevoir qu’une partie de la population ne croit plus à leurs balivernes. Une partie de la population Française a besoin de rire, avec un rire qui peut ne pas plaire aux autorités. Ni aux élites. Pourtant ce rire est populaire. Partout où je vais, il n’y a aucune promotion et les salles sont pleines. C’est la meilleure réponse ! Imaginez avec de la promotion… Même si je ne recherche plus à être dans cette industrie du rire. Je me vois plus comme un artisan.
Cette élite, dont vous parlez, cherche-t-elle réellement à s’interroger ?
J’ai la prétention de penser que lorsqu’il s’agit d’argent, et dans mon cas il y aurait effectivement de l’argent à gagner, on sent que les choses peuvent évoluer. Mais, je vous rassure, ce n’est pas mon objectif que de jouer systématiquement dans les Zéniths et de développer une industrie du rire.

Bedos dit, vous concernant : « son problème n’est pas son côté camerounais mais plutôt son côté breton »… Têtu comme un…
Il n’a pas peut-être pas tort, oui. Je revendique ce côté Breton, c’est évident. Mais je rassure Bedos, les Camerounais peuvent être aussi têtus.

Dans toutes ces tourmentes, n’avez-vous jamais craint pour votre famille ?
L’agitation médiatique est une chose mais le plus important reste la vie réelle, l’école, les vacances, la vie de tous les jours… Les plus grands de mes enfants ont sans doute entendu parler de moi à travers les médias… Mais comme j’ai toujours bénéficié, parallèlement, d’un vrai soutien populaire, je n’ai jamais craint pour eux, non. Car j’ai toujours pensé que la chose la plus importante que je pourrais leur laisser, c’est cette liberté de penser. Je crois qu’ils en sont aujourd’hui conscients et qu’ils savent qu’il n’y a rien de plus cher, sur terre, que de pouvoir penser librement. Je n’ai pas été un père qui les a souvent aidés à faire leur devoir, mais j’aurai été un père qui aura su leur fixer un cap. Digne. Je me suis fixé comme devoir de leur laisser cet héritage.

Vous n’avez jamais craint pour votre sécurité ?
J’ai toujours dit que la peur n’est pas bonne conseillère. Elle existe, il ne faut pas la nier mais il ne faut pas l’écouter. Il est préférable, si cette mort doit intervenir, de mourir libre. De mourir digne. Ne jamais se laisser humilier. Préférer la mort plutôt que l’humiliation. C’est une des bases. C’est aussi un de mes devoirs en tant que descendant d’esclaves. Il est préférable comme les Indiens ou les Palestiniens de mourir libre et de vivre dignement.

En 2010, vous avez écrit un livre avec Bruno Gaccio, un pas vers la réconciliation…
Au départ, l’idée vient de lui. Il pensait qu’on pouvait faire quelque chose, que c’était le moment. C’était encore un peu trop tôt, je crois, j’espère simplement que tout cela ne lui a pas fait trop de tort… En tout cas, il a pleinement assumé son rôle. J’espère le recroiser sur d’autres projets…

J’ai en mémoire une de vos émissions, au sujet de ce livre, avec un avocat Thierry Lévy, un échange musclé…
Cette personne émettait clairement l’idée que je me fasse physiquement atteindre ou punir… Ce monsieur a eu, par ailleurs, des propos assez curieux au sujet de la pédophilie… Il fait partie de cette fameuse élite qui, dans leur esprit, possède une toute-puissance. Cette élite manque cruellement de recul…

Alain Soral, un de vos amis, évoquerait les dérives sexuelles de ces fameuses élites…
Alain Soral analyse le monde de manière talentueuse selon moi. Lui aussi ne plaît pas à tout le monde. Mais il a ce talent d’exister et ses livres se vendent très bien sans aucun soutien médiatique.

N’a-t-il pas un risque de paranoïa à voir des complots de partout ?
Toute la difficulté est de réussir à être critique sans être traité, en effet, de paranoïaque. La critique n’est-elle déjà pas une forme de paranoïa ? Même les paranoïaques ont de vrais adversaires. Et ils peuvent être aussi victimes. C’est très compliqué au fond. Je constate simplement qu’il existe une vraie volonté de ces élites, aujourd’hui, à disqualifier systématiquement, tous ceux qui porteraient en eux une critique de notre système établi. Ils sont complotistes, paranoïaques, fous… Je le répète, je ne suis qu’un humoriste au fond. Cela me suffit bien. Quand on est face au sacré, tout raisonnement scientifique ou rationnel s’effondre. Certains de mes camarades, dont Alain Soral, ont cette capacité à amener de la dérision dans cette complexité. C’est pour cela qu’on l’écoute.

La mairie de La Rochelle a été contrainte de vous indemniser suite à l’annulation d’une de vos dates. Une jurisprudence vous est-elle favorable ?
Complètement. Cela a été même radical, à partir du moment où une ville a été obligée de me verser 50 000 euros…, ça calme. De toute façon, ces arrêtés municipaux étaient illégaux, il nous fallait tout simplement aller jusqu’au bout de la procédure. Ces procédures juridiques sont très longues et coûtent beaucoup d’argent mais nous avons su aller jusqu’au bout de la démarche. Nous avons, c’est vrai, un bon avocat en la personne de Maître Verdier à Aurillac. Il a l’avantage de ne pas avoir la pression des avocats parisiens.
Allez-vous vers une forme de normalisation ?
Je ne maîtrise absolument pas ce qui va se passer. Je remarque simplement que les comportements évoluent. Il se passe quelque chose, l’opinion publique a vraiment envie de rire…

L’appel aux prêts financiers que vous avez fait pour récupérer votre maison, témoigne-t-il de ce soutien populaire ?
Je précise qu’il s’agit de prêts que nous contractons et que nous rembourserons. Je suis sanctionné par un système et c’est le peuple qui prend son chéquier pour me soutenir, c’est beau, non ?

Peu de médias en ont parlé…
Attendons un peu. Il faut que nous allions jusqu’au bout de ce processus. Nous sommes en train de recevoir toutes les promesses de prêts. Nous encaissons les chèques et une fois que nous aurons l’argent, alors enfin, nous verrons comment le système réagira. Encore une fois, ce sera une véritable première, une telle mobilisation dans l’histoire ! Et ceci malgré les attaques, notamment informatiques, dont on a été victime.

On évoquait au début, la durée de votre carrière, un regret ?
J’ai toujours dit, et je le redis, que si, par mon travail, j’ai heurté ou blessé des gens, j’en suis sincèrement désolé. Mais si c’était à refaire, je ne sais pas comment je réagirais. Ma carrière reflète aussi mon caractère. Je referai peut-être un peu la même chose… Je n’ai pas toujours eu le talent de me faire comprendre complètement mais j’ai beaucoup travaillé. On ne peut pas m’enlever cette capacité de travail. Tout ce qui m’est arrivé m’a permis aujourd’hui, dans mon style, d’être assez performant, je crois. En même temps, nous ne sommes plus très nombreux à faire ce style d’humour. Je ne suis pas le premier à dénoncer des injustices. Je m’inscris, je le rappelle, dans une tradition très française…

Vous seriez le Céline de l’humour ?
Céline, c’est un talent exceptionnel, oui. Je crois qu’on n’a pas fêté le 50e anniversaire de sa mort…

Certains reprochent encore à Fabrice Luchini de lire sur scène du Céline…
C’est assez incroyable, oui. Les élites qui nous gouvernent sont en crises, elles aussi. Tôt ou tard, l’ordre naturel des choses ira vers la vérité. La vérité ressurgit toujours. Sur le fond, je suis parfaitement serein. Et sur la forme, vous pouvez juger par vous-même, dans quelques minutes, je serai sur scène, la salle est pleine, tout va bien. Merci.