Lorsqu’un des plus grandes chorégraphes actuelles rencontre l‘œuvre d’un des peintres majeurs du siècle dernier…  La chorégraphe, déjà, à la fin des années 90, s’était intéressée à l’œuvre d’Olivier Debré, autre grande figure de l’abstraction. Plus précisément, c’est une toile particulière du peintre Américain, intitulée « Black, Red and over Black on Red » qui a inspiré Carolyn Carlson, une toile que la chorégraphe et directrice du centre chorégraphique national du Nord s’est efforcée de faire parler, ou de décrypter à sa façon, dans un ouvrage intitulé « Dialogue with Rothko », dont s’inspire directement ce solo. Dans cet ouvrage, C. Carlson propose une lecture toute personnelle de cette œuvre de Rothko en tentant d’en décrypter les plus intimes secrets. Effectivement, poésie, musique, lumières, danse vibrent avec Rothko. Dans ce solo inspiré et tracé sous le regard pénétrant de Yoshi Oïda, metteur en scène japonais, acteur emblématique de Peter Brook et de Peter Greenaway, et sous la plume musicale subtile de Jean-Paul Dessy, au violoncelle, l’artiste américaine reste fidèle à l’archétype chorégraphique qu’elle a contribué à créer, en imaginant une chorégraphie qui réduit la danseuse à la pureté d’une ligne, à l’épure d’une calligraphie.

À la fin de cette année (à l’aube de son 70e anniversaire  !) C. Carlson abandonnera son poste de direction du CCN de Roubaix pour se replier à Paris, qui restera à jamais sa ville d’élection, pour redevenir une artiste indépendante… Rappelons qu’elle a créé plus d’une centaine de pièces dont un grand nombre constitue des pages majeures de l’histoire de la danse. Danseuse et chorégraphe hors norme, C. Carlson a développé tout au long de sa carrière plusieurs problématiques récurrentes comme celles liées à la mémoire, la transmission, la culture chorégraphique, l’improvisation, la tradition ou la quête des origines, etc. Son langage chorégraphique s’enracine dans l’histoire de l’art, on ne mesure même plus son influence majeure sur plusieurs générations d’interprètes et de créateurs, mais sans jamais renier une double quête de modernité et d’universalisme.

Opéra Théâtre de Saint-Etienne
Mardi 10 décembre à 20 h 30