Le VRP est un défricheur des temps modernes, luttant pour sa survie tout en essayant de trouver un but à son existence morne et répétitive. Entre rendez-vous professionnels et hôtels « soirée-étape-VRP », un jeune homme compose, écrit et s’imagine dans une autre vie. C’est ainsi que sont nées les prémices de “Décembre en été”, le premier album sorti à l’automne 2005 de Da Silva. Quelques 100 000 d’exemplaires vendus plus tard et des centaines de concerts donnés en France, en Suisse ou au Québec (dont le Paléo Festival en Suisse devant 5 000 personnes ou les 40 000 des Vieilles Charrues…) Da Silva reprend la route non sans avoir livré un nouvel opus intitulé “de beaux jours à venir” sorti en 2007. Rares sont les hommes qui deviennent VRP par vocation. La vie peut réserver bien des surprises à celui qui ose l’affronter avec dignité. Da Silva, lui, a toujours voulu faire de la musique.
Il n’ a tout juste qu’une quinzaine d’années lorsqu’il intègre un groupe de Punk originaire de Nevers, les Punishment Park. Difficile, dans cette petite ville de province caractérisée par l’ennui, de cohabiter avec les aspirations parentales, d’autant plus lorsque les parents immigrés rêvent d’une situation honorable donc convenable pour leur progéniture, et que par ailleurs des forces intérieures appellent à la découverte, la liberté ou à la transgression. Aussi, à la veille de ses examens du Bac, alors qu’il est plutôt bon élève, Da Silva délaisse le domicile familial pour une hypothétique tournée européenne. L’urgence n’est pas bonne conseillère…
Parce qu’il avait vécu et assumé ces dérives plus jeune, parce que sa colère s’est enfin calmée, Da Silva a pu composer un premier album touchant, lucide et terriblement attachant. Soutenu par Manu Chao, qui réalisera quelques titres sur son premier album et Cali, pour qui il assurera de nombreuses premières parties, Da Silva a su imposer un style qui emprunte à la noirceur et la dramaturgie du Fado, à la complexité du Blues mais aussi à l’intensité de la chanson française. De son histoire Punk, le jeune homme a sans doute conservé l’art de la concision, sachant libérer un maximum d’énergie et d’émotion dans un minimum d’espace. Aujourd’hui trentenaire et père, l’un allant souvent avec l’autre, Da Silva a repris la route, il est sur scène avec son quatrième album, sobre, puissant et efficace intitulé «La Distance», sorti en début d’année. Entre caresses troublantes et orages tumultueux, «La distance» marque un tournant. L’ancien VRP a trouvé sa route, trace son chemin entre émotion et authenticité.
Les Oreilles en Pointe – Salle J. Dasté
Rive-de-Gier – Vendredi 9 novembre à 20 h 30