L’Arbre Vagabond fête ses 10 ans !

L’Arbre Vagabond est un de ces lieux singuliers qui ont une âme, qui provoque émerveillement, inspiration, dépaysement, et où l’on se sent tout simplement bien. Ce restaurant-librairie-galerie, non loin du lac de Devesset et du Chambon-sur-Lignon, organise également les « Lectures sous l’Arbre » en été, et « Un mois pour…» en hiver. Deux temps forts culturels devenus incontournables. Mais c’est à l’occasion de son  dixième anniversaire que nous nous sommes entretenus avec Jean-François Manier, son cofondateur.

L’Arbre Vagabond fête ses 10 ans. Peut-on revenir un instant sur l’origine de ce projet singulier, dans ce lieu tout aussi atypique ?

Pendant trente ans, j’ai circulé dans toute la France pour présenter des livres de Cheyne éditeur aux libraires. De Lille à Monaco, de Brest à Strasbourg, j’en visitais plus de 300 par an. Au fil de ces tournées, j’ai vu le commerce du livre peu à peu évoluer, des lieux différents se créer, où l’on pouvait trouver des livres et autre chose : du vin, du thé, de la restauration, des fleurs, que sais-je ?… Et l’implantation pouvait parfois surprendre aussi : en pleine nature, ou au bord d’une plage, au cœur d’une forêt. Tout cela a contribué à nourrir mon rêve de créer un lieu loin de tout, mais bien enraciné. Mon fils Simon, de retour du Brésil, est venu me rejoindre dans ce projet d’ouvrir L’Arbre Vagabond, dans l’ancien atelier de typographie de Cheyne éditeur : tout à la fois un vrai restaurant et une vraie librairie.

L’Arbre Vagabond propose de nombreuses activités que nous allons détailler, mais un seul état d’esprit : « Le privilège de l’heure lente ». Ça résume bien votre philosophie ?

Je n’ai jamais aimé subir le diktat de la vitesse et je goûte plus que tout le temps apprivoisé, celui qui laisse aux rêves la belle liberté de grandir et s’épanouir sans hâte excessive. Avec cette nouvelle aventure, l’occasion était trop bonne pour mettre tout cela en pratique… Et notre localisation entre bois et prairies, à 8 km du premier village, Le Chambon-sur-Lignon ou Saint-Agrève, nous incitait aussi à inventer, à être audacieux dans nos choix comme dans nos pratiques.

L’Arbre Vagabond, c’est donc au moins un restaurant, un bar à vins, une librairie et un espace d’exposition… Quoi d’autre encore ?

C’est déjà pas mal, non, pour une équipe qui reste relativement modeste : autour de Simon, ce sont en effet quatre salariés et deux apprentis qui font tourner la boutique. En dix ans, L’Arbre Vagabond a su créer une clientèle fidèle et attire aujourd’hui du monde de toute la région. Mais cette croissance, à la fois lente et régulière, ne se fait pas au détriment de l’esprit de la maison. C’est là l’essentiel.

Je crois que la liberté d’esprit de ses fondateurs doit se ressentir dès que l’on pose un pied à L’Arbre Vagabond : un lieu autre, un lieu juste…

La librairie est un concept à elle seule. Elle propose un choix de livres autour de six thèmes. Pourquoi ?

Le mode de fonctionnement classique de la plupart des librairies, où chaque semaine des nouveautés chassent les livres arrivés peu de temps avant, ne pouvait me convenir. J’ai trop vu des libraires passer leur temps à déplacer des cartons de livres et s’en plaindre ! D’où l’idée d’une librairie de fonds, où les livres prennent leur temps, sont choisis et regroupés par thème, sans souci excessif de leur nouveauté. On ne vient pas à L’Arbre Vagabond pour acheter le dernier Amélie Nothomb qui est en pile partout sur les tables des librairies. Mais en fouillant dans les rayons, on peut trouver neuf, ou d’occasion, tel titre toujours pertinent malgré son âge. Je tenais aussi à accueillir la littérature de jeunesse à l’intérieur même de chaque thème – voyage, cuisine, Histoire, etc. – sans discrimination. On place juste ces livres en bas des rayons, c’est quand même plus commode !

On y trouve également le fonds des éditions Cheyne, dont vous êtes le cofondateur ; la boucle est bouclée dirait-on ?

Oui, c’est sûr que Cheyne est bien présent. Je pense même que l’Arbre Vagabond est une des rares librairies de France à présenter en permanence l’ensemble du fonds de la maison, même des titres rares ou épuisés. Et d’ailleurs beaucoup sont nés là, dans l’ancien atelier de typographie, celui-là même que nous avons transformé depuis 2014 en restaurant librairie.

Venons-en à cet anniversaire. Quel est déjà votre sentiment sur cette aventure, avec le recul ?

L’aventure tient du rêve réalisé. L’Arbre Vagabond ressemble aujourd’hui très largement à ce que nous avions imaginé au départ, il y a dix ans, mon fils Simon et moi. Et même au-delà…  Le restaurant est réputé et l’on doit beaucoup pour cela au chef Romain Souvignet et à son équipe. Par ailleurs, nos rencontres mensuelles connaissent une fréquentation régulière, quels que soient les intervenants : Edwy Plenel, Jean Lebrun, Patrick Cabanel, Dominique Simonnot, pour n’en citer que quelques-uns. Cela dit, on a dû renoncer parfois à des projets passionnants, comme le festival annuel « Un mois pour », qui connaissait un beau succès mais qui était trop chichement soutenu par les collectivités territoriales, en particulier la mairie du Chambon-sur-Lignon.

Qu’allons-nous découvrir pour cette occasion ?

Pour marquer nos dix ans, j’ai monté une exposition rétrospective où sont présentés beaucoup des artistes accueillis depuis 2014. Une cinquantaine d’œuvres, peinture et gravure, qui donne une bonne idée de la collection que je souhaite bâtir au fil du temps. Devenir ainsi galeriste, c’est pour moi un peu comme avoir été éditeur : Ce sont les choix successifs qui finissent par donner une tonalité cohérente, un visage à un ensemble qui se construit peu à peu. Des grands noms – Alexandre Hollan, Jean pierre Schneider, Anne Slacik – y côtoient des artistes plus discrets : Gérard Redoulès, Estelle Aguelon… tous font partie de ma « tribu », que je défends, qui me nourrit, et me rend heureux.

Un mot pour conclure ?

Nous voici au printemps, plus de neige sur le Plateau. Les Stéphanois peuvent donc monter au Chambon sans crainte. Qu’ils osent venir, ce n’est qu’à une heure en voiture ! Et, on fera tout pour ne pas les décevoir.                                                                                                                  

Avril 2025

« Habiter en peinture » :

Exposition rétrospective 2014-2024, jusqu’au 5 mai 2025. Vernissage, suivi d’un concert de LeÏ dimanche 6 avril à 17h.

Prochaine rencontre :

Jeudi 10 avril 17h00 : Homéopathie, une autre voie.

Film et conférence du docteur William Suerinck. Libre participation.

L’Arbre Vagabond est ouvert du vendredi au lundi, à partir de 11 heures. Repas midi et soir. Réservation conseillée sur le site wwwarbre-vagabond.fr ou au tél. : 04 71 59 22 00.