Réalisé par Richard Brooks dans la foulée du succès théâtrale de la pièce, le film « Chatte sur un toit brûlant », dont le titre traduit en français apparaît bien plus ambigu que dans la version originale, deviendra l’un des plus beaux succès d’un petit studio de production naissant, la Métro Goldwyn Mayer (qui en a connu tant d’autres depuis). Même ceux pour qui Tennessee Williams ne serait que le héros désabusé d’une chanson de Johnny Hallyday signée par Michel Berger ont entendu parler de ce film qui permit de réunir sur le grand écran deux des plus grandes et plus belles stars de l’époque, Paul Newman et Élisabeth Taylor. On mesure dès lors le risque de tout retour à l’adaptation théâtrale d’une pièce qui témoigne plus que tout autre peut-être d’une époque que l’Amérique ne cessera de regretter. Comme un sentiment perdu d’euphorie, de bien-être et quelque part de naïveté.

Un soir d’été, la famille Pollitt fête les 65 ans du patriarche dans une belle demeure du delta du Mississippi… Brick, l’un des deux fils, le préféré, ancien champion sportif, vit dans le fantôme du suicide de son meilleur ami. Le film de R. Brooks gomma, au grand dam de T. Williams qui renia du coup l’adaptation cinématographique, toute connotation sexuelle qui aurait pu heurter la morale du public américain. Mais dans l’esprit de T. Williams, Brick était bien attiré, sexuellement parlant, par son ami disparu. Du coup, Brick boit pour oublier et délaisse, ostensiblement, Maggie, sa belle et si sensuelle épouse. Maggie lutte comme elle le peut pour sauver son couple pendant que l’autre fils, le mal aimé, mais très bien marié et père d’une marmaille bruyante, s’intéresse uniquement à la succession du domaine… Avec cette pièce mythique, Claudia Stavisky, directrice du Théâtre des Célestins à Lyon, poursuit son exploration du théâtre américain d’après-guerre.

Comédie de Saint-Etienne
Du 14 au 16 novembre