Nous avons eu l’occasion de découvrir différents documentaires réalisés par Carine Loubeau. Cette passionnée d’images va à la rencontre de femmes et d’hommes appartenants à des univers aussi différents que les baveux (souffleurs de sarbacane N.D.L.R.), le breakdance, le design… Elle propose à travers ses films une approche sensible, humaine, touchante et très respectueuse de celles et ceux qu’elle rencontre et raconte. Dans son dernier documentaire, ce sont des graffeurs qui sont mis à l’honneur ; On découvre la création urbaine, avec ses codes, ses différents styles, avec une caméra discrète qui laisse s’exprimer les différents artistes rencontrés.

Quelques mots pour vous présenter ?

Je m’appelle Carine Loubeau et je suis réalisatrice de films. Depuis que je suis adolescente, je suis fascinée par l’audiovisuel. J’ai donc choisi de poursuivre des études dans ce domaine. Bac A3 audiovisuel en poche en 1992, j’ai continué mes études aux Beaux-Arts de Saint-Étienne, en me spécialisant dans la communication. À l’âge de 23 ans, après l’obtention de mon Diplôme National d’Art Plastique, j’ai pratiqué deux activités, l’encadrement pédagogique dans les écoles, les centres de loisirs, et la réalisation de documentaires pour diverses structures, des musées, des mairies, des entreprises… Finalement, j’ai évolué vers la réalisation de mes propres projets, des documentaires et des films d’animation pour mon plaisir personnel.

D’où vous vient cette passion pour le documentaire ?

J’adore aller à la rencontre des gens, les écouter, parler avec eux. C’est la richesse de leurs expériences qui me fascine profondément et qui peut faire naître en moi l’envie d’en faire un documentaire.

Ce qui me passionne particulièrement dans mes films, c’est la possibilité de donner la parole, de créer un espace où les personnes que j’ai choisi d’interviewer peuvent se confier à moi. J’aime pouvoir pénétrer dans leur univers et le partager avec le public.

Vos sujets sont très différents. Qu’est-ce qui vous inspire ?

Chaque rencontre est une nouvelle porte ouverte vers une histoire unique, un point de vue singulier. C’est lorsque je m’immerge dans la réalité des personnes, que je découvre leurs joies, leurs défis, leurs rêves, leurs préoccupations…, que je peux décider d’en faire un documentaire.

Mon documentaire n’est pas seulement la récolte d’images et de sons, c’est, pour moi, un processus de collaboration, dans un climat de confiance, qui me permet d’approfondir mon sujet, de le traiter avec plus de justesse et de précision.

Ce qui m’inspire c’est moins le sujet que la qualité des gens que je vais rencontrer. Cela peut expliquer le caractère a priori éclectique des sujets de mes documentaires.

Dans votre dernier documentaire, vous avez rencontré des graffeurs. Déjà peut-on expliquer ce qu’est le graff et nous dire ensuite pourquoi ce choix ?

De nombreuses personnes confondent les termes Tag, Graffiti, Muralisme et Street Art, chacun ayant sa propre signification. Le Graffiti est une discipline artistique qui utilise principalement la bombe aérosol pour créer des lettrages sur des murs.

Depuis mes études aux beaux-arts, les dessins sur les murs de Saint-Étienne ont toujours suscité ma curiosité. Leurs significations m’échappaient, mais la puissance des couleurs et la force des traits m’impressionnaient.

À l’issue d’une projection de mon film documentaire « Bgirl, Bboy from Saint-Étienne », un graffeur du collectif GEK, sensible à la façon dont j’avais mis en valeur le breakdance est venu me rencontrer et me dit « ça te dirait pas de faire un film sur le graff ». À partir du moment où il m’a montré les graffs qu’il réalisait avec son collectif, j’ai tout de suite su que je pouvais en faire un documentaire.

Ce sont essentiellement des artistes du collectif GEK’sTEAM. Qui sont-ils ?

Le collectif de graffiti stéphanois GEK’STEAM est actif depuis 2009 et s’agrandit au fil du temps. Aujourd’hui il est composé de 15 artistes de la Région Auvergne Rhône Alpes. Ils officient à grande échelle, réalisent des murs de plusieurs centaines de mètres en mêlant lettres, décors et personnages. L’articulation entre ces différents éléments est au cœur de leurs travaux. Chacun apporte sa sensibilité lors de la création d’une fresque mais au final il doit s’en dégager une harmonie d’ensemble. C’est tout l’art du graffiti que d’être ouvert au dialogue. La culture graffiti est plus riche que l’image qu’elle affiche et c’est pour la faire connaître et comprendre qu’ils luttent.

Le documentaire leur donne la parole et montre leur travail de manière très libre et sensible. Rien n’est ajouté. C’est une volonté de votre part ?

Je privilégie les images brutes et non scénarisées, cherchant à capturer des moments spontanés qui révèlent la véritable essence de mes sujets. En les filmant dans leurs contextes quotidiens, je crois que je peux transmettre une expérience plus immersive, permettant au public de se connecter de manière plus profonde avec les personnes que je présente.

Où pouvons-nous voir ce documentaire ou les précédents ?

GRAFFITI, l’expression artistique du GEK en mouvement, produit par WIDE PRODUCTIONS et Coproduit par TL7 et l’Atelier Cinéma Stéphanois a été diffusé sur TL7 le samedi 11 novembre à 20 h 50, le dimanche 12 novembre à 14 h 20 puis le lundi 20 novembre à 15 h 00. Vous pouvez toujours le revoir ainsi que les précédents* sur le replay de TL7 dans l’onglet Magazines/Docus, les incontournables de la Loire.

* « Fan Zhe le bâtisseur de pont », « De l’ombre à la lumière », « Bboy, Bgirl from Saint Étienne », « Les chevaliers dit les baveux ».

Un mot pour conclure ?

Bien que mon statut d’intermittente du spectacle recouvre une certaine incertitude et génère parfois des angoisses, ma passion guide toujours mes choix et me rend heureuse.