Perpignan… ses gitans et ses Arabes qui, par intermittence, se déclarent leurs amours réciproques à grands coups de serpette. Perpignan, capitale de la Catalogne Française qui court à la recherche de son histoire glorieuse mais passée. Perpignan et son équipe de Rugby, l’USAP, qui essaie de survivre entre deux monstres, l’ancien Béziers et le nouveau Toulouse. Perpignan, ville de passage, traversée par la célèbre « Via Domitia » romaine dont l’autoroute A9 perpétue le tracé. Perpignan, ses terrasses de café inondées de soleil, signes tangibles d’un Sud  synonyme de vacances, de Méditerranée, d’apéros, d’Espagne, de fiesta entre potes et d’hypothétiques histoires d’amour et de cul (de préférence). Perpignan, c’est tout ça et bien d’autres choses encore. C’est à Perpignan que naît pendant les événements de 1968, Bruno Calicuiri dit Cali.

C’est dans cette cité singulière qu’il se construit, en s’essayant au Rugby, à la pétanque aussi (il deviendra champion de France de triplette en 1986 !) et à la musique. Curieusement, à l’école, on le surnomme Adamo, oui, comme le chanteur belge aux origines italiennes… En 1985, Bruno, qui n’est pas encore Cali, crée son premier groupe de Rock avec quelques potes. “Pénétration Anale”, pas facile pour un groupe qui vit au gré des bals du samedi soir et des reprises préférées des Français (entre deux verres de rosé). D’ailleurs entre deux reprises d’Hervé Villard ou de Michel Delpech, Bruno glisse bien, dans l’indifférence générale, une chanson des Clash ou des Waterboys, mais l’alcool a ses raisons que la raison ignore… Nous sommes à la fin des années 80, en plein marasme de cette « gauche caviar », des allégeances, des ronds de cuir et des flatteries. Parce qu’il faut bien changer les choses, Bruno se présente en 1988 (il a alors 20 ans) aux élections municipales sous la bannière “Jeunesse Incorruptible”. Rebelote 5 ans plus tard sous une autre liste “Ça va chier” : on pense ainsi à l’intervention de Daniel Balavoine, immortalisée par la télévision, provoquant la stupéfaction du président Mitterrand…

L’illusion passe, la musique redevient l’essentiel de son quotidien et en 1994, Bruno crée le groupe Indy qui sort deux albums et donne plus de 200 concerts. Si la reconnaissance n’est toujours pas au bout du chemin, la certitude, elle, a rendez-vous avec lui. Son avenir sera dans la musique. Qu’importe la reconnaissance, pourvu qu’il ait l’ivresse. De 1997 à 2001, Bruno devient Cali et travaille seul sur ses propres morceaux, musique et textes. Un album autoproduit grave cette première expérience solitaire qui lui permet d’être programmé en 2001 aux Francofolies de la Rochelle. Les oreilles de Didier Varrod, programmateur sur France Inter, traînent du côté de la cité fortifiée qui, de retour à Paris, diffuse “Tout va bien” sur les ondes de la radio publique. L’effet papillon (à moins que ce ne soit l’effet boule de neige ?) se produit ; Virgin, via sa maison de disque Labels, le prend sous son aile : “L’amour parfait” sort en août 2003 avec un titre phare qui va tout déchirer “C’est quand le bonheur”… Perpignan, ses Arabes et ses Gitans qui se réconcilient sur un terrain vague, ses élections truquées, ses apéros au soleil, son Campo Santo… et Cali.

La Forge – Chambon-Feugerolles
Mercredi 10 octobre à 20 h 30