Nous vivons dans un monde d’images véhiculées jadis exclusivement par la télé et par internet depuis cette dernière décennie. Les images ou vidéos ont désormais un effet « kiss cool » dévastateur. L’image perdure malgré le temps et celle qui colle à la peau de Brigitte Fontaine tient autant à la folie raisonnée qu’à l’excentricité presque naturelle. Le personnage surréaliste, limite déjanté parce que décalé, intenable sur un plateau télé, capable de péter les boulons en direct comme d’improviser de manière aussi magique que surprenante, déconcerte à minima. Mais derrière cette image fabriquée ou bien réelle, qui sait au fond ?, Brigitte Fontaine reste une artiste rare, dans le sens de “peu commune”, dont la carrière débute au milieu des années 60, lorsqu’elle assure les premières parties de Barbara ou de Georges Brassens.

Artiste plurielle, Brigitte Fontaine se produit sur scène notamment avec Rufus et Jacques Higelin, son compagnon de route de toujours, dans une pièce qu’elle crée, “Maman j’ai peur” et qui obtiendra un succès critique et public si important qu’elle restera plus de deux saisons à l’affiche à Paris et donnera lieu, par la suite, à une tournée européenne. Puis, à la fin des années 60, B. Fontaine rencontre Areski Belkacem, avec qui elle noue une étroite collaboration (artistique et donc civile), toujours ininterrompue depuis. Les années 70, seront pour le couple l’occasion d’expériences (artistiques et pas que…) inédites, le tandem produira des albums parmi les plus inclassables de la scène française. Après un passage plus silencieux durant les années 80, en 1997, B. Fontaine sort «Les Palaces», un album enrichi des collaborations d’Areski Belkacem, bien sûr, mais aussi de Jacques Higelin (toujours fidèle soutien) et d’Alain Bashung (on peut rêver pire collaboration…). Et curieusement, c’est à l’aube du nouveau siècle que la notoriété de Brigitte Fontaine explose avec, l’album “Kékéland”, sorti en 2001, qui deviendra Disque d’Or, comme le suivant d’ailleurs en “Rue Saint Louis en l’île” (en 2004).

Son dernier enregistrement «J’ai l’honneur d’être» paru l’an dernier, a été réalisé par Areski Belkacem, et Jean-Claude Vannier. Rappelons aux plus jeunes d’entre nous, que Jean-Claude Vannier est la pierre angulaire du mythique « Histoire de Melody Nelson » qu’enregistra Serge Gainsbourg en 1971, un album qui vaudra à l’homme à la tête de chou la reconnaissance critique internationale. Âgée de 75 ans, Brigitte Fontaine fait toujours preuve d’une rare jeunesse d’esprit, de talent et d’énergie. Elle paraît affranchie de toute inhibition. Les textes de « J’ai l’honneur d’être » sont d’une justesse et d’une poésie implacables. C’est dans le cadre de l’excellent Festival de chansons Françaises de Montbrison, Les Poly’sons, que Brigitte Fontaine se produira au Fil à Saint-Étienne. Billie, jeune chanteuse pleine de fougue et de talent, en assurera la première partie.

Le Fil – Saint-Étienne

Samedi 17 janvier à 20 h 30