Rencontre avec Jérémy Guichard, Grégory Descot et Guillaume Tardy
Saint-Étienne est une ville pas comme les autres. Certains y voient des imperfections, il y en a sans doute, comme partout ailleurs. Mais si vous plongez dans son histoire, si vous sillonnez ses quartiers, si vous croisez ses habitants aux coins des rues, si vous pénétrez l’âme de cette cité, vous découvrirez une ville à côté de laquelle vous risquiez fort de passer à côté. Cette ville, on l’aime. C’est une ville populaire, c’est une ville chaleureuse et humaine. C’est une ville qui s’invente et se construit jour après jour, sur les bases de sa propre histoire industrielle et ouvrière. Cette ville, Grégory Descot et Guillaume Tardy l’aiment aussi profondément. Nous les connaissons pour leurs restaurants et autres lieux de vie à Saint-Étienne (Beer Garden ; Hop Square ; Slag Heaps ; Six Nations ; Picologie). Ils ont également organisé l’an dernier la première édition d’une Sainte-Barbe en passe de devenir culte. Un beau palmarès en soi ! Mais saviez-vous que depuis le 22 septembre, nos deux compères dirigent un nouveau lieu, La brasserie Geoffroy-Guichard, au cœur du mythique chaudron, le stade de l’AS Saint-Étienne. Et oui, rien que ça.
Ce projet a été historiquement pensé par Jérémy Guichard, l’arrière-arrière-petit-fils de Geoffroy Guichard. Passionné par sa ville natale, il avait à cœur de mener à bien ce projet qui manquait cruellement au stade. Il s’est associé à Grégory et Guillaume et à l’occasion des 90 ans du stade, ensemble, ils ont posé la première pierre de cette réalisation qui a ouvert ses portes ce 22 septembre 2022. Disposé à la jonction du Kop sud et de la tribune Pierre Faurand, c’est maintenant un magnifique écrin dont la vue derrière la baie vitrée donnant sur la pelouse et les gradins du stade vous coupera le souffle.
« On n’est pas d’un pays, mais on est d’une ville… » peut-on lire sur le mur au-dessus des cuisines. Dans cette brasserie on y mange bien sûr, on y boit aussi, mais c’est aussi un état d’esprit que l’on vient savourer. Un lieu de mixité sociale dans la même veine que le stade qui va faire parler de lui, c’est sûr et certain !
Comment est née l’idée de ce projet ?
J.-G. : L’idée est née il y a 9 ans, un mois de juin, avec un ami, Philippe Gastal, alors historien de l’ASSE et futur conservateur du Musée des Verts qui allait ouvrir quelques mois plus tard. Il m’appelle donc et me dit qu’il a un toit terrasse au-dessus du futur musée, et pour créer des synergies, il a émis l’idée de créer une brasserie. Compte tenu de mon histoire familiale, il trouvait cela cohérent que ce soit moi qui porte ce projet. Et voilà ! Au bout de 9 ans, nous y sommes.
9 ans c’est long. Ça n’a donc certainement pas été simple ?
J.-G. : Ça n’a pas été simple en effet. Le fait que le stade appartienne à la ville de Saint-Étienne, qu’il soit géré par Saint-Étienne Métropole et avec un club qui l’occupe en permanence, il a fallu parer à pas mal de problématiques, qu’elles soient juridiques, administratives, voire sur la partie construction… Aujourd’hui on est propriétaire pendant 30 ans, ce que l’on appelle une AOT, une Autorisation d’Occupation Temporaire. On a tous les droits mais aussi devoirs d’un propriétaire pendant cette période.
Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
J.-G. : Heureux d’être arrivé au bout de ce projet. Maintenant, ce sont plus à mes associés Grégory et Guillaume de jouer. Ils sont du métier. Ce n’est clairement pas le mien. Mais je serai tout de même présent, on ne peut pas lâcher comme ça un tel projet ! Je suis en pleine confiance avec mes deux associés. Pour le résultat, ce sont plutôt les clients qui nous le diront, mais on est tout de même très contents. En tout cas ceux qui sont déjà venus ont trouvé le lieu assez unique, et sont vraiment heureux de leur expérience.
Un challenge pour vous alors, Guillaume et Grégory. Un 6e établissement, ça commence à faire pas mal de choses à gérer ?
G.-T. : Quand on s’est rencontré avec Jérémy, il y a un peu moins de deux ans pour ce projet, on en a parlé à midi, on est venus au stade dès le début d’après midi, je me rappelle à l’époque, on était sur le parvis, j’ai regardé Greg et je lui ai dit, bon il faut qu’on y mette de la raison, parce que si on y met que du cœur, on dit oui en 3 minutes, et je crois qu’on a dit oui au bout de 10 minutes (rire). 10 pour faire croire qu’on hésitait vraiment ! Plus sérieusement, en tant que Stéphanois, amateur de foot, de l’ASSE, du stade…, c’est un projet exceptionnel. Il ne peut pas y avoir d’autre équivalent sur la ville. Impossible de le refuser et très heureux de l’avoir fait.
Qu’est-ce que la brasserie va proposer ?
G.-T. On va être sur une brasserie traditionnelle. Un menu du jour, des plats traditionnels à la carte, ainsi que des pizzas, burgers, flammekueches… Au bar, des bières artisanales, des apéritifs, du vin bien sûr et quelques belles boissons. Ce qu’on peut trouver dans une brasserie finalement, mais dans un cadre réellement unique.
Avec cette vue imprenable sur le stade, est-ce qu’il va être possible d’assister à des matchs ? Comment cela va-t-il se passer ?
J.-G. : ça va être compliqué. L’ASSE a la jouissance du stade les jours de matches, donc en fait on privatisera le lieu pour eux, 2 heures et demie avant le match et deux heures et demie après le match. Ce sera une loge. Il y a en effet des problématiques de droits d’images, de billetterie, de retransmissions télé, toute une logistique qu’on ne maîtrise pas. Juridiquement on ne peut pas faire ce qu’on veut. Mais à tous les autres moments nous serons ouverts au public.
Vous avez fait attention aux prix également ?
G.-T. Nous sommes à la jonction du Kop sud et de la tribune Faurand, nous voulons être un lieu ouvert à tous, comme doit l’être tout lieu stéphanois, et comme l’est je pense le stade Geoffroy Guichard. Dans n’importe quelle tribune vous croiserez des chefs d’entreprise, des ouvriers, des commerciaux, des jeunes, des moins jeunes, hommes et femmes, c’est tout ce qu’on voulait faire transpirer dans la brasserie. C’est un lieu de mixité social, donc accessible, avec une carte qui va de 7 euros pour les enfants à 35 euros pour le plus gros menu. L’endroit nous permet de faire également beaucoup de choses, donc probablement des concerts, des mix DJ, des soirées à thèmes, de la privatisation, des séminaires, tout est vraiment possible et envisageable ?
Pour conclure, on peut parler du vrai faux passeport de la Brasserie ?
G.-T. C’est une carte de fidélité nominative en forme de vrai faux passeport de l’Union Ligérienne, République Forézienne. Il coûte 20 euros et il donne droit à 5 % de réductions toute l’année sur tout ce qu’on consomme à la brasserie (uniquement restauration et boissons, alcoolisées ou non, N.D.L.R.). Avec déjà des noms prestigieux qui le possèdent. Le numéro un est pour Geoffroy Guichard, le 42 est réservé à notre parrain Osvaldo Piazza, mais Curkovic a le sien, Johnny Rep, Janvion, et Beaucoup d’autres joueurs qui sont passés nous voir !