L’article 311-8 du code pénal français prévoit une peine de 20 ans de réclusion criminelle pour le vol sous la menace d’une arme (autrement dit le braquage ou vol à main armée). Précisons que le code pénal ne tient pas compte du fait que l’arme utilisée soit factice ou bien réelle. Il convient donc d’y réfléchir à deux fois avant de vouloir braquer une épicerie avec une arme en plastique (avis aux amateurs). Le braquage à main armée est un acte particulièrement traumatisant et violent, nombreux sont les films à s’être penchés sur cette question (revoir notamment « Heat » de Michael Mann avec Robert de Niro et Al Pacino dont le scénario, très réaliste, aurait inspiré plus d’un braqueur de la Seine-Saint-Denis…). Sans parler du très haut risque encouru, celui d’être confronté aux forces de l’ordre. Autant dire que l’exercice en question mérite réflexion et conduit inévitablement à l’une des nombreuses maisons de détention qui fleurissent tout au long de nos beaux paysages hexagonaux. Rassurez-vous, je ne voue aucune estime particulière à ceux (ou celles) qui s’engagent dans cette perspective au final sans issue. Mais reconnaissons-leur une part de courage ou d’inconscience (selon). Ces gens-là mettent leur intégrité physique et psychologique en péril (même s’ils n’en sont pas nécessairement conscients au moment où ils le font).

La perspective de finir ses vieux jours du côté de Fleury Mérogis comporte toujours quelques désagréments même si la morosité économique ambiante compromet le quotidien de nombre de nos concitoyens. Ce qu’ils ignorent peut-être, je parle de ceux qui seraient tentés par ce type d’aventure, c’est qu’il existe d’autres moyens alternatifs pour braquer une banque. Et pas n’importe laquelle. Ni n’importe comment. Il est ici question de milliards de dollars (en euros, ça fait à peu près la même chose). Et des plus grandes banques anglo-saxonnes, Barclays, JP Morgan Chase, Royal Bank of Scotland, Citi, UBS, HSBC… De quoi s’agit-il précisément ? Entre 2006 et 2009, donc plusieurs mois après la crise des Subprimes déclenchée déjà par les banques américaines avec l’absolution du gouvernement américain !, plusieurs banques se sont mises d’accord, illégalement bien entendu, pour sous-évaluer le Libor, un taux de référence bancaire qui permet ensuite de mesurer le coût interbancaires du crédit. Les banques se prêtent de l’argent entre elles. Elles doivent déclarer à quel taux elles se prêtent cet argent. La moyenne de l’ensemble de ces taux, appelé le Libor, est ensuite utilisée comme base de calcul de prix des produits bancaires dérivés ou de prêts. Une baisse, volontaire, de quelques points de cet indice permet d’une part à certains intervenants bancaires d’économiser des millions de dollars sur leurs transactions et d’autre part d’anticiper, à la hausse ou à la baisse, sur les marchés financiers. On estime ainsi que le Libor sert de référence à un marché estimé à plus de 350 000 milliards de dollars. Je vous laisse calculer les gains quotidiens susceptibles d’être engrangés sur une variation même minime de cet indice… D’autant que du taux du Libor dépend un autre taux, l’Euribor, un indice interbancaire utilisé dans le cadre des marchés en euros.

Pourtant la combine semblait d’une simplicité limpide… puisqu’une simple déclaration permettait à ces mêmes banques d’intervenir sur la fixation du dit Libor.  Chaque jour à 11 h, l ‘association des banquiers britanniques et la fédération des banques européennes demandent à un panel de banques à quel prix elles empruntent à leurs consœurs. C’est la moyenne de ces taux qui fixe le Libor puis l’Euribor. C’est donc sur simple déclaration du service trésorerie de ces banques que se calculait en moyenne le taux du Libor. Il aura suffi qu’une poignée de malins traders de la Barclays (qui plus tard auront vite fait de convaincre d’autres traders concurrents), toujours pas échaudés par l’eau froide !, pour parvenir à convaincre leurs collègues, au sein de la même banque !, de sous-estimer leur déclaration… Et le tour était joué et des millions de dollars engrangés quotidiennement ! Pendant plus de 4 ans, 14 traders de la Barclays installés à New York, Londres et Tokyo demandent (en échange de quelques menus cadeaux, of course) à leurs collègues de bureau de manipuler leurs déclarations quotidiennes… Des déclarations téléphoniques enregistrées témoignent du petit jeu ! Comme on dit l’enquête est en cours et déjà, Bob Diamond, directeur général de la Barclays, a démissionné… Rassurez-vous, ce bon vieux Bob n’ira jamais flâner dans les patios de Fleury Mérogis malgré les millions et les millions d’euros détournés !!!

Jusqu’à quand les banquiers, je ne parle pas là de celui qui s’occupe au quotidien de votre compte bancaire ni de la charmante jeune fille placée derrière le comptoir de votre agence bancaire de proximité, pourront-ils poursuivre leur travail de sape contre les peuples ??? Jusqu’à quand leur permettrons-nous d’œuvrer en toute impunité ou presque ???  À la fin du mois dernier, Nicolas Baverez, l’un de nos brillants économistes, qui, il y a quelques mois encore, hurlaient pour toujours plus de libéralisme, signait une vibrante tribune dans le quotidien Le Monde pour appeler à une urgente réforme du système bancaire international et une nouvelle forme de régulation… Alors même si eux s’y mettent, c’est, sans doute, qu’il est grand temps d’agir !!!!