Avec la récente chute de la ville de Raqqa en Irak, Daech a semble-t-il perdu bien plus qu’une simple ville symbole. Les observateurs annoncent un retrait de l’organisation terroriste de la péninsule arabique pour se renforcer dans toute l‘Afrique de l’Ouest. Un bien pour un mal ? La France a connu, ces dernières années, un phénomène troublant dont on n’a toujours pas saisi toutes les causes. En effet, des centaines de jeunes adultes nés en France, éduqués en France, sont partis rejoindre les forces maléfiques du Califat pour réaliser leur Djihad. Les sociologues, philosophes et autres penseurs ont bien du mal à comprendre cet engagement certainement nihiliste et suicidaire. Le théâtre, et l’art en général, peut-il nous permettre d’en mesurer toute la complexité ? C’est ce qu’a tenté de décrire Gilles Granouillet avec ce texte courageux et avec toute la délicatesse d’écriture qu’on lui connaît.

Un père attend dans une chambre d’hôtel, en Turquie, à la frontière syrienne. Il est venu rechercher son fils. Ce fils a cru trouver le réconfort ou un avenir en Syrie, il dit avoir compris son erreur et désire rentrer en France. Le père attend, dans cet hôtel, il sort peu, voire pas du tout. Chaque jour, il croise la femme de ménage kurde, il lui parle, il se livre, un lien se crée entre eux au fur et à mesure que les jours passent. Le départ de son fils pour faire le djihad en Syrie et l’attente de son retour, loin de chez lui, vont profondément transformer cet homme, il va faire le constat de sa vie, de son couple, et l’attachement qui se crée avec celle qui vient chaque matin nettoyer la chambre va changer son avenir. Au centre de la thématique sociale et politique, les sentiments naissants entre cet homme et la femme de chambre placent l’humain et les sentiments au centre du récit puissant.

La Buire – L’Horme – dimanche 10 décembre