Compagnie De l’âme à la vague

Shantala est le titre du livre de Frédérick Leboyer sur le massage indien des nouveau-nés. après l’avoir lu, Grégory Bonnefont a tout de suite eu envie d’en faire un spectacle vivant ! Il nous dit cela : « Si nous parvenons à découvrir, transmettre et vivre l’amour qu’on donne à un bébé, notamment par le biais d’un massage, alors chacun d’entre nous pourra éprouver un amour pour soi, pour l’autre, pour la société et envisager ainsi un avenir plus pacifique et serein, propice à un développement citoyen digne de ce nom ». Comme à l’accoutumée, l’auteur s’engage, milite, avec grâce et sensibilité. Cela nous a donné envie d’en savoir plus sur son spectacle et de faire également le point sur son actualité !

Avant d’en savoir plus sur Shantala, quelques mots sur ton actualité trépidante ?

En effet, c’est une belle année ! Éreintante mais tellement passionnante. Tout d’abord depuis septembre je suis artiste associé au centre culturel de la Ricamarie. Avec Jean-François Ruiz et toute l’équipe nous menons beaucoup d’actions sur le territoire notamment pour la « fête du théâtre » qui s’est tenue le 28 mars dernier. Environ 90 élèves de quatre établissements ligériens se sont tour à tour montrées leur petite forme. C’est important de cultiver un théâtre de la confiance auprès d’une jeunesse pleine de promesses. Au sein de la compagnie De l’âme à la vague nous sommes sur trois rythmes de création. Il y a bien sûr Shantala, mais aussi La lettre aux paysans de Jean Giono que j’interpréterai sous la direction d’Alain Besset de la compagnie Elektrochok. Nos deux compagnies coproduisent ensemble ce projet sur le pacifisme et le rejet de la guerre. Je participe d’ailleurs avec Alain à l’aventure de Traîtres d’Alan Riding où je campe le rôle d’un président dictateur. Sinon nous sommes déjà sur la saison prochaine avec l’adaptation du roman d’Antoine Choplin « Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar » qui relate le parcours de dissidence par le théâtre de Vaclav Havel, l’ancien Président de l’ex-Tchécoslovaquie. Je suis heureux de travailler avec Noël Faure sur ce projet. On a écrit une pièce ensemble, mais ce n’est pas pour tout de suite. En octobre, je retrouverai le collectif X dans Mamma Médéa, le magnifique projet de Clémentine Desgranges. En tant qu’auteur, « Du silence » que je viens de jouer à Paris a été édité aux éditions Les cygnes. Donc oui ! Une belle actu sur Sainté, ça fait plaisir !

Fier d’être au générique de Raoul Taburin pour ton premier rôle au cinéma ?

Et comment ! Le film sort ce 17 avril. Allez le voir ! c’est une comédie douce et bienveillante avec un humour réconfortant. Sinon, c’est le résultat de pas mal d’efforts et de patience. C’est un métier où il faut patienter, mais quand ça arrive, c’est merveilleux ! Bon après c’est qu’une scène et dix secondes, mais il faut un début à tout. Je n’ai pas vu Benoit Poelvoorde, ni Edouard Baer. En revanche ma rencontre avec Pierre Godeau le réalisateur fut fondatrice et pleine d’enseignements. C’est un homme qui sait parler à ses acteurs, et quand tu débutes c’est très précieux. Cela prouve aussi que les Stéphanois ont de la ressource dans le cinéma. Si des personnes comme Raphaëlle Bruyas, les 87 revanchards, AUUNA ou encore Sébastien Lagrevol s’expriment magnifiquement derrière la caméra, on a aussi des super comédiennes et comédiens devant, comme Noël Faure et bien d’autres.

Notre époque est en crise. Il y a urgence de replacer l’humanité au centre de toute cette agitation. Le théâtre peut-il apporter sa pierre à l’édifice ?

Sans jouer sur les mots, crise signifie le mouvement, le changement, la transformation. Je ne sais si nous stagnons dans l’horrible ou si nous nous déplaçons encore plus vers cela mais en effet quelque chose de vicieux et profondément machiavélien se développe aux sommets. Notre Humanité semble avoir encore des ressources, et notamment sa jeunesse. Elle est l’avenir. À elle de nous bousculer ! Maintenant, le théâtre tient son rôle de « fil rouge ». Il entretient la flamme de la conscience citoyenne, par la poésie notamment. Tout va tellement vite que l’humilité est de mise pour résister à la folie de nos temps et ainsi prendre le temps de créer. Le théâtre est un outil de conscience politique, et ça devrait commencer dès le collège !

Shantala dans sa genèse arrive comme une réponse possible ?

Oui ! Shantala c’est un livre de massage indien pour nourrisson, un reportage photos écrit par le défunt Frédérick Leboyer, qui fut un très grand gynécologue. Il a notamment largement contribué à changer notre approche du bébé et de l’accouchement. Je suis tombé sur ce livre en plein état d’urgence en 2016. Démagogie politique, terrorisme et mort continue dans les médias saturaient mon esprit. La beauté des photos du livre et la force d’amour qui s’en dégageait mêlées au pragmatisme de la technique de massage de l’enfant ont créé chez moi un électro-choc. J’ai tout de suite eu envie et besoin de partager cette parole d’amour avec le public.

Quel est le sujet de la pièce plus précisément ?

En espérant faire simple, c’est la dimension politique de l’amour et du corps humain. Ce besoin de redire que naître et mourir ne sont pas des mots vains. Que le corps humain et la conscience qui se trame à l’intérieur sont bien plus essentiels que toutes les identités, nationales, politiques ou économiques. La vague d’attentats nous a rappelé combien les corps des humains peuvent disparaître tragiquement et horriblement. Tout comme ils peuvent être pressés jusqu’au suicide dans les nouveaux schémas managériaux. J’ai eu ce besoin de redonner une place première et principale à la notion de vivre et de vivre dans un corps. Le bébé n’est pas une finalité, il est un thème, un moyen de parler à chacun de son corps. Du coup je ne sais pas si c’est une pièce, un conte théâtral et dansé, une performance. C’est un objet, peut-être une nouvelle fois non-identifiable, une tentative de célébrer le corps, la vie qu’il porte et le lien social qui en découle. La partie « technique » du livre est un parcours de corps. Si le spectacle démarre tel un conte théâtral et musical où je suis accompagné par Steve Ollagnier en parole musicale et Olivier Bignon à la vidéo, j’ai fait appel à Christophe Gellon de la Cie Voltaïk pour traduire cette « technique » de massage. Sa présence a amené le projet dans une autre identité. L’équipe est merveilleuse et nous allons d’ailleurs créer à Pole en scènes à Bron chez Mourad Merzouki avant la dernière ligne droite à la Talaudière. Je tiens à remercier Sonia Cotte qui me fait confiance dans ce projet où nous proposons aussi des ateliers d’initiation au massage. Toutes les expressions étaient nécessaires pour célébrer au plateau la vie. Il ne manque plus que le regard du public !

infos pratiques

Shantala de Frédérick Leboyer,

Compagnie De l’âme à la vague

20 avril 2019, 20h30 au Sou, La Talaudière

Adaptation, mise en scène et jeu : Grégory Bonnefont – Danse : Christophe Gellon

Parole musicale : Steve Ollagnier

Vidéo : Olivier Bignon – Son : Yoann Coste

Lumières : Rémy Fonferrier

Regard extérieur : Clémentine Desgranges