Avec Sinsémilia, Riké et Mike ont tutoyé les sommets des Hits et des scènes internationales. Les deux chanteurs du groupe repartent pour une tournée plus intime avec un répertoire différent. Rencontre avec Mike :

Vous étiez deux sur la précédente tournée, quatre sur celle-ci, on dirait que vous avez du mal à ne pas être en groupe ?

En fait, nous étions déjà 3 sur la tournée Sound. Sur celle-ci, Sam est venu nous rejoindre. Ce n’est pas que la notion de groupe nous manquait mais artistiquement, l’apport de Sam au clavier et le fait que Riké se remette à la guitare nous offre plus de possibilités sur scène. Musicalement, le projet s’enrichit et cela nous permet de présenter un show également plus varié.

Que vous apportent ces apartés en dehors de Sinsémilia ?

Que du plaisir !!!! Faire de la musique ensemble a toujours été un plaisir, que ce soit dans le cadre de Sinsémilia sur les albums solos de Riké sur lesquels je travaillais aussi ou sur ce nouveau projet. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde à chaque fois, nous prenons donc beaucoup de plaisir. Enfin, par rapport à Sinsémilia, c’est évidemment plus léger et plus simple pour nous pour expérimenter certaines choses.

Vous approchez doucement les 30 ans de carrière. Un rêve accompli ?

Notre rêve au départ était de faire un seul concert, donc avec plus de 1 200 concerts, on a largement dépassé notre rêve de départ, en effet. Cette aventure est folle, oui…30 ans…que dire, c’est énorme, c’est presque toute une vie ! Quand on pense que nous sommes amis depuis l’école primaire, c’est vraiment une aventure collective incroyable.

Pourriez-vous vivre sans Reggae (et sans la scène) ?

On pourrait évidemment…Mais qu’est-ce que cela nous manquerait !!!! C’est pour ça qu’on profite, encore et encore, tant que la vie nous accorde cette chance unique !!!

Vous avez toujours tenu à chanter en français. Une évidence pour vous ?

Non, ce n’était pas vraiment une évidence. À l’époque du premier album de Sinsémilia, on ne chantait quasiment qu’en anglais car le reggae français « n’existait pas » en tant que tel, hormis les rares albums de Gainsbourg…Toutes nos influences étaient anglophones. Ce n’est qu’à partir du second album qu’on a entrepris cette démarche d’écrire en français. Ce fut un véritable effort à l’époque, un dur apprentissage mais on tenait à être compris par le plus grand nombre, comme on avait des choses à dire. Aujourd’hui peut-être, cela semble une évidence mais ça ne l’était pas. En revanche, c’est une démarche que je conseille aujourd’hui à tous les artistes français qui chantent en anglais, car c’est un tel plaisir de sentir un public qui comprend « en direct » ce que tu veux exprimer.

Chanter à deux rend-il plus humble ?

Euh…Tiens, je ne m’étais jamais posé cette question… Le fait d’avoir grandi « en groupe » doit jouer également, mais je pense que c’est aussi une histoire de valeur et de lucidité. Ok, nous, on fait des chansons et des concerts…Sommes-nous plus méritants que celui qui est boulanger ou peintre en bâtiment ? Je ne le pense pas. On a de la chance de faire un métier qu’on adore et qui peut « flatter » l’ego, c’est vrai. Mais soyons lucides : on ne sauve pas la vie des gens, on ne révolutionne pas le monde et le monde tournera toujours de la même façon que notre prochain album soit bon ou moins bon.

Quel regard portez-vous sur la scène Reggae française ?

Cette scène nous plaît vraiment !!! Au-delà de nos goûts artistiques, je pense que beaucoup d’acteurs de cette scène n’écoutent que du reggae jamaïcain, on aime la manière dont le Reggae français construit son histoire. Des groupes comme Dub Inc, Danakil…, on les a vus naître. D’ailleurs, l’un des premiers concerts de Dub Inc était une première partie de Sinsémilia… On les a vus développer une carrière incroyable grâce à leur travail, en groupe, avec des valeurs humaines fortes, une ligne de conduite artistique et déontologique claire ! On ne peut que les respecter tant ça ressemble à ce qu’on a essayé de faire de notre côté. Bon, qui plus est, les Dub Inc sont des amis avec qui on a toujours grand plaisir à passer un moment sur scène ou en studio, autour d’un petit rhum… J’en profite d’ailleurs pour remercier encore Zigo (le batteur de Dub Inc) qui nous a fait le plaisir de jouer sur « Pèlerinage », le premier single et clip de notre projet. On a d’ailleurs fait les prises à Saint-Étienne chez notre ami Tony Bakk. Comme quoi, Sainté est bien présente dans notre projet !

Saint-Étienne a toujours un vrai attachement au Reggae et plus particulièrement à la musique Dub. Que représente cette ville pour vous ?

Comme je te le disais, on a de vrais liens avec cette ville parce que nos amis de Dub Inc sont ici. Même avant cela, on a de supers souvenirs de nos premiers passages à Sainté ou dans la région. On est venu les premières fois en 1996 et c’était déjà très très chaud ! On a vraiment que de bons souvenirs dans cette ville dans laquelle on a dû jouer une bonne quinzaine de fois.

Vous jouez dans des salles plus modestes qu’avec Sinsémilia… Même plaisir ?

Le plaisir est différent mais il n’y a pas moins de plaisir… Riké et moi adorons les ambiances plus intimistes, la proximité. Nous avons toujours essayé de conjuguer les deux manières de jouer, dans des grandes salles avec Sinsémilia et dans des lieux plus intimes sur des projets parallèles. Après, pouvoir jouer dans des lieux plus petits, avec plus de proximité, c’était l’un des objectifs de la tournée Sound System comme de ce nouveau projet. Quand tu débutes dans la musique, tu rêves toujours de grandes salles, je pense que ton ego en a besoin sans doute. ça va, on en a fait et je pense que notre ego a été suffisamment flatté !!! Aujourd’hui nous avons vraiment envie de choses simples.

Vous proposez sur scène un mix composé de standards du Reggae, de reprises de Sinsémilia et de vos compositions… Est-ce simple de trouver une cohérence dans tout cela ?

C’est toute la difficulté de ces projets, garder une forme de cohérence. Nous sommes en train de monter concrètement le show et c’est la chose la plus compliquée à réussir. En même temps, on a un fil conducteur clair : échanger de bonnes vibes avec le public, leur faire passer un bon moment. On n’a pas l’ambition de présenter le meilleur show de tous les temps, on ne veut pas impressionner qui que ce soit, nous avons juste l’ambition de voir les gens repartir avec le sourire et avec la conviction d’avoir vécu un vrai bon moment ensemble autour d une musique qu’on aime et qui exprime des valeurs un peu trop oubliées en ce moment.