Originaire de Firminy, Florent Marotta, qui fête cette année ses 40 ans, publie son nouveau roman intitulé « Le visage de Satan ». Rencontre avec un homme au parcours atypique :

Vous avez un parcours assez surprenant : jeune homme, vous vous engagez dans l’armée en tant que parachutiste, puis vous évoluez au sein de la Police à Paris avant de revenir dans la région pour travailler au sein d’une municipalité… Comment expliquez-vous ce parcours ?

J’aime le changement et les métiers de l’armée m’ont permis de ne pas sombrer facilement dans la routine. J’ai beaucoup voyagé, vu des horizons différents et cela me plaisait.

Quel était votre milieu familial ?

J’ai grandi à Roche la Molière avec mes parents et mes frères. Rien que du très classique.

Fréquentiez-vous la Fête du Livre de Saint-Étienne ?

Oui, j’y allais bien avant d’être édité. J’ai fait des dédicaces à cet événement il y a plusieurs années quand mes livres étaient encore en autoédition.

Vous lisez depuis toujours, mais vous n’avez pas été attiré par les études, pourquoi ?

Pas assez mûr, je pense. J’ai tardé à grandir dans ma tête. Et la lecture, c’est quelque chose de bien différent des études à mon sens. On choisit ce que l’on veut, son style, ses mondes. L’école s’impose à vous davantage.

Lorsque vous êtes dans la Police néanmoins, vous reprenez vos études jusqu’à devenir diplômé en droit… Pourquoi ?

Petite précision avant tout, je n’ai pas de diplôme en droit, mais juste l’examen d’officier de police judiciaire qui donne une équivalence, rien de plus. Par contre, j’ai effectivement passé une équivalence de bac littéraire à 27 ans. Une histoire de défi envers moi-même, je pense.

L’écriture de votre premier roman remonte au milieu des années 90. Comment vous est venu le besoin d’écrire ?

C’était d’abord l’envie de coucher sur le papier les histoires que mes amis et moi-même inventions lors de nos soirées de jeux de rôle. Ensuite, le phénomène s’est amplifié sans que je me l’explique vraiment. Maintenant c’est vital.

Songiez-vous déjà à être publié ?

Dès ma première histoire, j’ai sondé les éditeurs. Donc je peux dire que oui, j’en avais déjà envie.

Vous avez débuté par l’auto-édition… Quelle expérience en tirez-vous ?

Que cela est difficile, mais que ça procure aussi de grandes joies d’arriver au bout de tout un processus.

Quels sont vos univers littéraires ?

La Fantasy et le Thriller/polar.

Quels sont vos auteurs de références et pour quelles raisons ?

Terry Pratchett, de loin, pour tout ce qu’il a accompli et les bons moments que j’ai passés dans ses pages. J’aime beaucoup aussi Gemmell pour les valeurs que portent ses personnages. Côté Thriller, j’aime particulièrement Lemaître et R.J Ellory.

Vous déclarez croire aux « théories du complot ». Que voulez-vous dire par là ?

Ce n’est pas exactement ce que j’ai déclaré. Je crois à certaines choses que personne ne peut nier, par exemple, le Rainbow Warrior qui fut l’affaire d’État que tout le monde connaît, mais qui à l’époque relevait du complot. Ce que je fais dans mes livres, c’est que souvent je pars d’un fait réel, avéré et je l’exagère ou j’explore des pistes totalement fantasques auxquelles en revanche je ne crois pas forcément.

N’est-ce pas dangereux, en l’époque actuelle et en plein état d’urgence, de faire ce type de déclaration ?

Non. Mon boulot c’est de faire de la fiction et mes romans ne sont que ça.

Dans votre dernier roman « Le visage de Satan » sorti en décembre dernier, vous mettez en scène un ancien flic devenu détective privé, Gino. Serait-ce votre double ?

Pour une part oui, mais toute petite seulement. Gino est un peu spécial. Il y a peut-être deux ou trois choses que je lui ai insufflées, comme son intransigeance et son refus de l’injustice, mais ça s’arrête là.

Qu’avez-vous retenu de vos expériences militaires et policières ?

La persévérance et le dépassement de soi.

Votre description de l’univers sataniste paraît très documentée. Cet univers vous intrigue-t-il ?

La culture ésotérique en général m’a toujours intéressé, mais pas le Satanisme. J’en avais besoin dans mon livre et cela m’a bien servi.

Un tel appui documentaire est-il indispensable, selon vous, à l’écriture de thriller ?

Oui je le pense. En tout cas pour moi, c’est indispensable. Je compile toujours plein de documents dont les trois quarts ne me serviront pas, mais j’aime en savoir un maximum sur ce que j’écris.

Votre site internet est lui aussi très détaillé… Que vous apporte internet dans votre travail ?

La recherche documentaire en premier lieu et pouvoir communiquer avec mes lecteurs via mon site ou ceux qui demandent des conseils.

Dans votre site, vous apportez beaucoup d’information sur votre propre expérience. Vous semblez porter un vif intérêt à Christophe Vogler un auteur américain qui fait référence dans l’écriture scénaristique. Pourquoi ?

Parce que je pense que ce serait absurde de se priver du savoir des autres. J’ai eu la chance que l’on me fasse découvrir Vogler et de participer à sa masterclass. Sa méthode parle d’archétypes, de voyage du héros qui chuchote à notre inconscient et je trouve que c’est très juste.

Pouvez-vous définir votre dernier roman ?

C’est un miroir, une fenêtre ouverte aussi sur la colère, les peurs et la descente dans ce que l’homme a de profondément mauvais. Et puis la lumière là-bas, tout au bout, peut-être…

Quelle est votre ambition avec ce nouvel ouvrage ?

Toucher encore plus de lecteurs. M’inscrire aussi petit à petit dans le paysage du thriller français, modestement.

Qu’attendez-vous de ce nouveau roman ?

J’aimerais que les gens en saisissent tout le sens. Les luttes internes qui nous tourmentent tous. Mais surtout qu’il procure du plaisir de lecture.

Vous semblez être très attentif à votre relation avec vos lecteurs. Est-ce indispensable aujourd’hui ?

Oui ça l’est. Je donne et j’essaie de faire passer quelque chose à travers mes livres alors c’est la moindre des choses que je réponde aux lecteurs intéressés. Je le peux encore alors j’en profite.

Comment êtes-vous parvenu à vous faire éditer par Les Éditions Taumada ?

Tout simplement en leur envoyant mon manuscrit.

Le milieu littéraire est très élitiste et Parisianiste. Comment trouvez-vous sa place médiatique dans cet enfer ?

Franchement, je m’en fous. Si un jour ce que j’écris prend de l’ampleur et que l’on me demande dans la capitale, croyez-moi, je ne bouderais pas mon plaisir, mais pour l’instant c’est très bien comme cela. Et puis nous sommes à l’heure d’internet alors…

Un dernier mot, peut-être… ?

Merci de m’avoir donné la parole. Et à tous ceux qui lisent ces lignes : À bientôt peut-être entre mes pages. (ou sur www.florentmarotta.com)