Depuis sa création il y a plus de 25 ans, le festival de l’université Jean Monnet de Saint-Étienne, le Fest’U, a pris une dimension insoupçonnée. Implanté en centre-ville, le Fest’U Jean Mon’Arts fait désormais partie des manifestations artistiques stéphanoises qui font rayonner la cité. Rencontre avec Hervé Giraudet, coordinateur du festival.

Pouvez-vous en quelques chiffres nous relater l’importance de l’université Jean Monnet ?

Notre université rassemble près de 20 000 étudiants et plus de 1 600 personnels dont 900 enseignants et enseignants-chercheurs. L’UJM propose 4 grands domaines d’enseignement : arts, lettres, langues, sciences humaines et sociales /droit, économie, gestion/ sciences & technologies/ santé dispensés sur 4 campus à Saint-Étienne et un campus à Roanne.

Comment est née l’idée d’un festival pluriel et artistique étudiant ?

L’idée du festival date de près de 25 ans et est étroitement liée à la volonté de la directrice du service commun et d’action sociale de l’époque Odile Howshingkoy de proposer une manifestation culturelle qui fédère la communauté universitaire. Le Fest’U (il se déroulait au château de St-Victor-sur Loire) réunissait une quinzaine de formations artistiques et touchait plusieurs centaines de personnes et étudiants.

Pouvez-vous nous donner quelques chiffres concernant le festival aujourd’hui ? Budget ? Qui finance ? Combien de bénévoles ? Fréquentation ?

Le Fest’U a énormément grandi, tout particulièrement depuis que j’ai décidé de le rapatrier sur notre campus Tréfilerie en 2012, en plein centre-ville de Saint-Étienne. Notre campus avait un vrai potentiel pour développer cet évènement en multipliant le nombre de scènes et l’inauguration cette année-là de notre salle de spectacles à la Maison de l’Université était une aubaine pour montrer aux Stéphanois que l’université peut aussi être un lieu de création artistique ouvert sur la ville. Le Fest’U, c’est aujourd’hui 550 artistes qui se produisent durant 3 soirs sur 6 scènes en simultanée. L’édition 2017 va accueillir 56 concerts, 8 pièces, 7 ballets, un spectacle d’arts martiaux, un show d’hypnose, un DJ, des marionnettes géantes. Nous espérons franchir les 10 000 spectateurs cumulés cette année (9 000 spectateurs en 2016). Le Fest’U est piloté par une petite équipe de 4 personnes du Service Vie des Personnels et des étudiants qui travaillent à temps partiel de janvier à juin sur l’évènement mais qui s’appuient sur les compétences d’un grand nombre de nos services universitaires (Équipement : électricien, menuisier, peintre, logisticien / Hygiène & sécurité / Communication…) et sur des prestataires (régisseur, technicien, vigile, restaurateur…). Une trentaine d’étudiants bénévoles nous aident dans les missions d’accueil des artistes, d’accueil du public, de diffusion des programmes, de gestion du catering, de logistique.

Pour quel budget ?

Le budget consacré au Fest’U est de l’ordre de 60 000 €. Cette manifestation est soutenue financièrement à hauteur des 2/3 de son budget par les collectivités (Ville de Saint Étienne et Région Auvergne Rhône Alpes) et par nos fidèles partenaires (Caisse d’Épargne Loire Drôme Ardèche, le CROUS Lyon et Activ Radio). Le tiers restant est pris en charge par le budget culture de l’université Jean Monnet. Ce budget est moindre si on tient compte de la programmation pléthorique du Fest’U mais il est bon de rappeler que tous les artistes se produisent gratuitement sur nos scènes et que la ville de Saint-Étienne met à notre disposition une aide logistique très importante. Les gros postes budgétaires sont consacrés au volet technique des scènes, à la sécurité, au catering des 550 artistes et à la communication.

On connaît l’importance de la sécurité en ce moment… Comment gérez-vous la sécurité du festival ?

Nous travaillons en étroite collaboration avec le service interministériel de défense et de protection civile de la Préfecture, la Direction Police et Sécurité Civile Municipale de façon à assurer la sécurité de nos spectateurs et de nos artistes dans le contexte actuel.

L’université répond point par point aux exigences de ces services experts des questions de sécurité liées aux « grands évènements ».

L’ancien président de l’université, Khaled Bouabdallah a été nommé président de la communauté des universités de Lyon. Une chance ?

De 2007 à 2015, ça a été une chance pour l’université Jean Monnet d’avoir un Président comme Khaled Bouabdallah pour de nombreuses raisons et si je me concentre uniquement sur le volet culture, il faut reconnaître qu’il a su valoriser cette mission au sein de notre établissement alors qu’elle n’est pas forcément toujours liée à la recherche ou à la formation. C’est grâce à son soutien et à sa confiance que le Fest’U a explosé, que notre salle de spectacles accueille aujourd’hui plus de 50 manifestations par an avec une fréquentation moyenne de 80 %, que de nombreuses opérations visant à faciliter l’accès à la culture à nos étudiants connaissent un vrai succès, que nous valorisons et encourageons les pratiques artistiques amateurs sur les campus, que de nombreux partenariats existent entre l’UJM et les institutions culturelles et festivals du territoire, que l’UJM est souvent citée comme exemple au niveau national pour ses actions culturelles en direction des étudiants. Alors je me dis que sa sensibilité à cette mission culturelle ne peut être qu’une chance pour envisager une politique culturelle ambitieuse à l’échelle des établissements de notre COMUE UdL au sein de laquelle l’université Jean Monnet sera, je l’espère, un acteur phare.

Pourquoi la culture ou la pratique culturelle doit-elle être incontournable pour les étudiants ?

La culture permet de fédérer nos jeunes étudiants de profils, nationalités, cursus différents. Elle contribue à réduire la disparité des publics étudiants. Elle facilite l’intégration dans une vie de campus mais aussi dans la cité. Elle fait partie intégrante d’un apprentissage de vie, gage d’une insertion professionnelle réussie. Enfin, la culture représente un enjeu de démocratisation c’est pourquoi l’UJM fait son maximum pour que ses étudiants soient « curieux et gourmands de culture ».

Quelles sont les ambitions du Fest’U ?

Le Fest’U a tout d’abord pour ambition de valoriser les nombreux talents pluriels de l’UJM. Il cherche aussi à susciter les rencontres artistiques avec sa programmation foisonnante en musique, chant, théâtre, danse, arts visuels. Le Fest’U cherche aussi à inscrire le campus Tréfilerie comme un lieu de vie artistique ouvert sur la ville. Enfin, le Fest’U vise à fédérer les étudiants artistes au sens plus large, de Lyon à Saint-Étienne, avec par exemple cette année l’accueil sur nos scènes de groupes des universités de Lyon 2, Lyon 3, de l’École des Mines, du Conservatoire Massenet, de danseurs de l’IFSI…

Quels seront les grands moments du festival 2017 ?

Avec 75 spectacles différents en 3 soirs, il est impossible pour moi de vous faire une liste exhaustive des grands moments du festival 2017. Je conseille aux Fest’Uvaliers de réserver leurs soirées des 8, 9 et 10 juin, d’arriver sur le campus dès 19 h 30 et de flâner de scène en scène – de la BU à la Maison de l’Université sans oublier de faire un tour à la salle Clé d’Voûte – jusqu’à minuit en fonction de leurs goûts (classique, rock, danse, électro, théâtre, musiques du monde, reggae, hypnose, chanson française, humour, blues, chorale, jazz, rap, impro, pop, arts martiaux, funk, comédie musicale, métal…). Tous les spectacles sont gratuits. Il ne faut pas oublier de s’accorder une pause pour se restaurer sur l’espace food truck du Fest’U et partager un verre à la buvette des dynamiques étudiants de la FASEE où nos marionnettes géantes de 5m de hauteur devraient attirer les fans de selfies.

Le festival affiche cette année quelques nouveautés. Parlez-nous en…

Une des nouveautés de cette édition est la présence d’un espace « Free Style » dédié aux danseurs, acrobates, jongleurs, artistes circassiens désireux de tester un numéro court face aux Fest’Uvaliers. Cette idée m’est venue après la rencontre d’étudiants en STAPS et d’étudiants danseurs qui ont travaillé toute l’année une performance qui a nécessité des semaines de répétitions mais qui ne dure que 5mn au final. À cause de cette courte durée de restitution, ils n’osaient pas s’inscrire au Fest’U. Cette année, ce sera chose possible : il suffira pour eux de s’inscrire chaque soir entre 19 h 30 et 20 h 30 à la « roulotte INFO du Fest’U » pour bénéficier d’un créneau sur l’espace FREE STYLE entre 20 heures et 23 heures L’autre nouveauté est l’organisation d’un défilé de mode des étudiants ambassadeurs de l’UJM tous les soirs à 20 h 45 sur l’espace « Tapis Rouge » qui dévoilera la 1ère collection UJM (en vente sur place). Depuis longtemps, nous recevions beaucoup de demandes des étudiants pour savoir où acheter les tee-shirts, sweat-shirts, goodies aux couleurs de notre université que nous diffusions sur les forums, salons, chaînes d’inscriptions… Il y a une vraie demande « à l’anglo-saxonne » de porter les couleurs de son université ; Ce sera chose possible dès le Fest’U puis grâce à notre boutique en ligne UJM. Enfin, suite au succès remporté en 2015, nous avons décidé de proposer à nouveau à nos spectateurs une performance visuelle monumentale « Le réveil de l’invité surprise » qui devrait surprendre notre public du côté de la Maison de l’Université tous les soirs de 19 h 30 à 22 h 30…, mais je n’en dirai pas plus…

Que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle édition ?

Un soleil resplendissant assorti aux couleurs de notre affiche. Un public chaleureux pour soutenir tous les généreux artistes talentueux programmés. En résumé, un moment convivial, de partage et de fête universitaire.