Chaque année, le Fes’U permet à l’Université Jean Monnet d’accueillir trois jours durant artistes et publics Stéphanois dans un esprit convivial et festif. Une véritable réussite. Rencontre avec hervé giraudet, son dynamique organisateur :

Plus de 10 000 personnes ont assisté à l’édition 2017 du festival Fest’U. Une réussite ?

C’est la 1ère fois dans l’histoire du Fest’U que nous dépassions les 10 000 spectateurs cumulés sur les 3 soirs, donc oui, c’est une belle réussite pour l’équipe organisatrice, les artistes programmés, l’université qui a fait le choix de valoriser les jeunes talents de sa communauté dans un évènement 100 % gratuit plutôt que d’inviter des artistes connus dans une manifestation payante comme le font d’autres établissements d’enseignement supérieur. Le public s’est élargi depuis que nous organisons le Fest’U sur le campus Tréfilerie. Il ne comprend pas que des étudiants même si ceux-ci sont majoritaires le jeudi et le vendredi mais il réunit la communauté universitaire, les habitants du quartier, de nombreuses familles stéphanoises et très souvent la soirée du samedi, nous croisons 3 à 4 générations dans le public du Fest’U.

Fest’U est un festival artistique universitaire gratuit. Vous assumez tout cela ?

Tant que nous le pourrons, nous l’assumerons, mais nous ne sommes pas seuls ! Nous nous appuyons d’abord sur un maximum de compétences des personnels de notre Université : les membres du service Vie des Personnels & des Étudiants sont multi casquettes (communication, organisation de catering, gestion des plannings…), notre menuisier, notre plâtrier peintre, nos électriciens, nos agents techniques… s’impliquent dans la préparation logistique du Fest’U. Le gestionnaire du campus Tréfilerie et notre responsable Hygiène & Sécurité m’épaulent aussi beaucoup pour ne rien oublier. Au niveau financier, chaque année devient plus difficile. C’est vrai que les dépenses liées à la sécurité ont grimpé en flèche depuis 2 ans et que le nombre de spectacles programmés (70 sur 3 soirs pour l’édition 2018) nous oblige à nous appuyer sur une équipe technique et du matériel son et lumière toujours plus conséquents. Nous sommes fortement soutenus par la ville de Saint-Etienne. De plus, dans le cadre du CEDES (Contrat d’établissement pour le développement de l’enseignement supérieur) de la région Auvergne – Rhône Alpes, notre projet « Encourager et valoriser les pratiques artistiques des étudiants » a été retenu et a permis de décrocher une subvention qui contribue partiellement au financement du Fest’U. Nos fidèles partenaires la Caisse d’Épargne Loire Drôme Ardèche et le Crous Lyon ont accepté de revoir un peu à la hausse cette année leurs aides. Enfin, il est bon de rappeler que les 550 artistes programmés sur nos scènes viennent tous bénévolement sans quoi le Fest’U n’existerait pas.

Est-ce toujours facile de mobiliser autant de bénévoles autour de l’organisation d’un tel évènement ?

Avec le Fest’U, nous avons beaucoup de chance car il est très facile de fédérer les étudiants bénévoles. Notre appel aux artistes a été lancé fin janvier et est resté en ligne 20 jours. Au total, 106 formations artistiques ont déposé une candidature pour se produire gratuitement sur l’une de nos scènes. C’est incroyable ! La fédération des associations étudiantes stéphanoises (FASEE) est toujours volontaire pour nous épauler et nous lui confions en toute confiance la gestion de l’espace buvette du Fest’U. De la même façon, nous faisons appel aux étudiants début Mai pour constituer nos équipes de bénévoles chargés de l’accueil des artistes, l’accueil du public + les étudiants chargés des missions plus physiques de barriérage, montage bancs, tables, rangement, nettoyage… et là encore ils sont très nombreux à répondre présents et s’impliquent sans compter les 3 soirs de festivités.

Fest’U permet à l’université Jean Monnet d’afficher un visage disons plus ouvert et plus festif. Objectifs atteints ?

Le Fest’U métamorphose le campus Tréfilerie en lieu de vie artistique, en lieu convivial et festif ouvert à tous et la fréquentation de 2017 montre que cela marche mais il n’y a pas que le Fest’U qui ambitionne de rendre notre campus Tréfilerie « plus ouvert ». La salle de spectacles de la Maison de l’Université accueille aujourd’hui une cinquantaine d’évènements culturels dans l’année, accessibles à tous les publics, et son taux de fréquentation moyen dépasse aujourd’hui les 75 % ce qui représente plus de 7 000 spectateurs qui sont en majorité des personnels de l’UJM et des étudiants mais aussi de plus en plus d’habitants du quartier et des familles stéphanoises. L’équipe d’animation culturelle de la BU Tréfilerie organise aussi de plus en plus d’évènements dans l’Atrium de la BU : expositions, rencontres-débats, nuit de la lecture, escape game, printemps des poètes… ouverts à tous. Sachez que le chantier d’aménagement du campus qui devrait démarrer l’an prochain prendra en compte notre volonté d’organiser d’autres rendez-vous culturels de type café-concert, café-lecture, master classes, résidences artistiques, rencontres littéraires, expositions… ouverts sur la ville et ses habitants.

Vous présentez près de 80 différentes manifestations sur 3 jours. Une véritable prouesse technique ?

Nous avons limité à 70 le nombre de spectacles de cette édition 2018 ce qui est déjà compliqué pour nos équipes techniques puisque pour y parvenir, des changements de plateaux (qui ne doivent pas dépasser le ¼ d’heure) sont prévus toutes les 45 mn sur chaque scène de façon à programmer entre 4 et 5 spectacles par soir et par scène. Depuis de nombreuses années, la société ARTPRODSCENES a en charge tout le volet régie son & lumière du Fest’U. Elle connaît bien nos contraintes liées à notre programmation pléthorique et sait que nous sommes attachés au fait que, malgré tout, tous les artistes doivent pouvoir bénéficier d’un set dans des conditions professionnelles en termes de régie son & lumière et cela dans un budget très contraint ne nous permettant pas d’avoir plus de 3 régisseurs par scène.

Comment le festival est-il perçu par les artistes ?

Si vous surfez sur les blogs et réseaux sociaux des artistes programmés sur nos scènes après leurs performances, vous allez constater que beaucoup d’artistes disent qu’il se passe quelque chose de particulier au Fest’U : le public est présent en nombre, bienveillant, attentif dans une atmosphère conviviale. Les artistes sont nombreux à échanger, se découvrir… Des projets artistiques naissent souvent dans l’espace catering du Fest’U. Les scènes mises à leur disposition semblent être appréciées. Il n’y a pas de têtes d’affiche et de premières parties. Encore moins de compétition entre les artistes. Tout le monde a la même place et le public zappe de scène en scène en fonction de ses goûts, de ses désirs de découverte ou au hasard d’une mélodie.

Difficile de choisir parmi tous vos spectacles, mais avez-vous quelques propositions détonantes à nous faire ?

Comme vous devez vous en douter, je ne souhaite mettre en avant aucun artiste vis-à-vis d’un autre mais sachez que le public qui passe au Fest’U aura obligatoirement un coup de cœur entre les 53 concerts, 4 pièces théâtrales, 8 ballets, le spectacle d’hypnose et les 3 spectacles de déambulation. Petite cerise sur le gâteau, le public pourra lui-même se mettre en scène sur notre espace freestyle que nous avons inauguré en 2017 pour nous faire une démonstration de danse urbaine, de jonglage ou un mini concert improvisé… Avis aux âmes d’artistes ;)

Plus que la programmation, c’est l’esprit du festival qui prime non ?

Oui, je crois que l’esprit « festival », à l’image d’un moment privilégié, convivial, gratuit à la fin de l’année universitaire où l’on partage ensemble 3 soirées autour d’artistes pluriels généreux, séduit beaucoup le public et les 550 artistes attendus sans qui le Fest’U ne serait rien.

Rendez-vous du 31 mai au 2 juin 2018