Ceux qui nous lisent régulièrement connaissent notre attachement au Festival des 7 Collines et à l’équipe qui organise depuis un quart de siècle cette très belle manifestation dont l’aura brille bien au-delà de nos frontières. Rencontre avec Philippe Mirandon, directeur du festival :

Dès que l’on sort de la cité Stéphanoise, le Festival des 7 Collines jouit d’une très belle réputation. Une juste récompense ?

C’est vrai que Le festival des 7 Collines jouit d’une belle estime depuis plusieurs années. Nous avons tissé des liens étroits avec un certain nombre de structures ou festivals en France, à l’étranger et cela participe aussi à la notoriété du festival. Cette année par exemple, nous accueillons une compagnie Brésilienne en partenariat avec le festival de la Cité de Lausanne en Suisse, chose que nous n’aurions pas pu faire tout seuls. C’est vraiment un grand plaisir de pouvoir construire des projets avec des structures importantes en Europe.

Malgré ce respect de la profession et le soutien d’un public toujours plus fidèle, on connaît vos difficultés régulières à boucler vos budgets. Au fond, n’est-ce pas le lot de toute entreprise culturelle de flirter avec cette forme de précarité financière ?

C’est sans aucun doute le lot de tout le monde et en particulier des entreprises culturelles. La période n’est pas simple, du coup il faut trouver des solutions, de nouveaux partenaires, baisser certains coûts et dépenser encore plus d’énergie. Et surtout ne pas baisser les bras !

Cette année, vous devez faire face à la Coupe du Monde de Football mais aussi au changement de date du festival Paroles et Musique… Comment avez-vous perçu ce changement de dates ?

Il y a toujours eu beaucoup de propositions culturelles sur cette période de l’année, il y aussi Les Nuits de Fourvière, Jazz à Vienne, Les Roches Celtiques,… C’est normal que tout le monde souhaite profiter du début de l’été, il y aura donc un événement de plus mais cela ne devrait pas être gênant pour nous, même si je trouve dommage de proposer au public deux événements culturels en même temps… Quant à la coupe du monde de football, nous en avons déjà véceu plusieurs et cela n’a jamais vraiment eu d’influence sur la fréquentation. Dans l’équipe du festival nous aimons beaucoup le foot, mais nous savons aussi que de nombreuses personnes cherchent une alternative (souvent culturelle) à ce grand rendez-vous mondial qui occupe tous les médias et les esprits. Bref sur ce point de la concurrence, nous restons concentrés sur notre projet et nous allons mettre toute notre énergie pour que cela marche bien.

Aujourd’hui, il n’existe pas un festival ni une programmation sans « nouveau cirque ». Avez-vous été précurseur en la matière ?

Dans les années 1995 il y a eu un gros coup de pouce du gouvernement de l’époque pour donner de l’ampleur au cirque contemporain en France et maintenant on en récolte les fruits car il existe désormais une création riche et diversifiée pour le plus grand bonheur de tous. Il est vrai que nous avons été très sensibles à cette discipline qui prenait de l’ampleur et qui nous a réservé de très belles surprises et rencontres. Le cirque est une vraie et belle famille qui fédère de nombreux talents.

Qu’est-ce qui, selon vous, fait la spécificité de votre festival ?

Nous affirmons une programmation pluridisciplinaire et largement internationale et cela fonctionne bien. Par ailleurs, nous avons le souci de s’inscrire dans une démarche de découverte, et à ce titre nous aurons cette année de nombreuses créations présentées pour la première fois à Saint-Étienne. Par ailleurs, nous avons créé de belles collaborations avec les grandes institutions de la Ville de Saint-Étienne, les musées de la Mine et d’Art Moderne, l’Opéra (l’an dernier avec les 7 doigts de la main), Le Fil, La Comédie et aussi avec un certain nombre de villes de la Métropole stéphanoise (Saint-Chamond, Sorbiers, La Ricamarie, La Talaudière, Firminy, et cette année Roche La Molière). Tout cela donne une certaine singularité à l’événement et nous en sommes fiers.

Votre public est particulièrement fidèle. Pourquoi ?

Le public nous fait confiance et attend ce rendez-vous. Nous le constatons chaque année avec une grande joie. Cependant rien n’est acquis, nous mettons toujours beaucoup d’énergie pour toucher de nouveaux publics. Par ailleurs, pendant le festival, nous essayons de créer des moments de convivialité entre les spectateurs et les artistes par le biais de rencontres informelles après les spectacles et cela est apprécié.

Quelles seront les attractions de votre nouvelle édition ?

Nous ouvrons le festival le 26 juin avec la compagnie Terya Circus de Guinée à la Comédie le 26 juin, avec un spectacle de cirque plein d’énergie et de générosité, c’est le type de spectacle populaire que nous aimons mettre en avant. Pour cet accueil, nous avons mis en place un partenariat de coréalisation avec la Comédie et nous en sommes très heureux. Il y aura aussi la nouvelle création de la Compagnie Dyptik, dont nous aimons beaucoup le travail, qui sera présenté à la Stéphanoise, les Australiens de la compagnie Circa qui joueront leur dernière création à l’Opsis à Roche la Molière.. et Goran Bregovic au Fil avec son nouvel album et en première partie un duo stéphanois prometteur Lion in Bed à ne pas louper, puis Bachar Mar-Khalifé, les Gandini, etc ..  tout sera à découvrir sans modération.

Des révélations à ne pas manquer ?

Le programme est très diversifié et toutes les propositions ont une certaine singularité, il y aura donc, nous l’espérons, pas mal de révélations.

L’absence d’un lieu d’accueil unique et principal est-il un frein au développement du festival ?

Un festival c’est aussi la volonté de rayonner sur un large territoire et de passer d’une salle à l’autre, d’une ville à une autre, certains festivals n’ont pas de lieu unique et fonctionnent parfaitement.… Nous essayons par contre de proposer des moments de rencontres pour faciliter le rassemblement du public, comme les After Party par exemple. Cette année, ça se passera dans la salle du Clapier avec les Po’ Boy’s qui vont nous entraîner jusqu’à la Nouvelle Orléans et faire danser sur des rythmes afro-américains … Un moment festif comme on les aime.

Depuis vos débuts, vous avez su garder une réelle cohérence aussi bien dans la programmation, la communication ou l’organisation. La clé de votre réussite ?

Les premières années n’ont pas été faciles car nous avons dû convaincre nos partenaires et se faire connaître mais nous avions à cœur de défendre les créations que nous découvrions et qui étaient très peu accessibles au public. Le public a reconnu cet engagement et nous prouve la confiance qu’il accorde au festival en revenant d’une année sur l’autre, ce dont nous sommes très fiers et heureux. Notre ligne s’est affirmée sans changer de direction et le festival est devenu un rendez-vous qui fait sens pour un grand nombre.

Êtes-vous suffisamment accompagné ou soutenu par les collectivités locales ?

Les temps sont difficiles pour tout le monde et nous comprenons que cela soit aussi le cas pour les collectivités territoriales. Ces collectivités continuent de nous soutenir mais beaucoup d’acteurs culturels extérieurs à notre région, français et étrangers, sont souvent surpris de découvrir notre programmation et les modestes moyens financiers dont nous disposons. C’est aussi un encouragement pour nous.

Quelles seront vos ambitions pour cette nouvelle édition ?

Nous souhaitons que cette édition soit riche en surprises et permette de beaux moments d’échanges avec le public.

Nous avons la volonté de participer pleinement à l’attractivité de notre territoire et faire rayonner Saint-Étienne le plus loin possible. Les partenariats avec les médias nationaux comme le Monde , Télérama, ou Arte Concert, nous aident à atteindre cet objectif.