Rencontre avec deloupy, pour sa nouvelle BD « algériennes » aux éditions marabulles…

Algérienne, ton nouvel album et Love story à l’iranienne le précédent, témoignent d’un engagement culturel et militant. Un choix que tu revendiques ?

Oui, disons que ça rejoint aussi ce que j’aime lire en bd, et participer de cette manière à la réflexion, ou à une prise de conscience, m’intéresse bien sûr, même si les enjeux ne sont pas les mêmes. Love story traite d’une situation actuelle, et lointaine… comment vivre l’amour dans la république islamique d’Iran… Algériennes traite d’une situation lointaine, il y a 56 ans mais terriblement présente dans la psyché française. Je m’en aperçois en dédicace, ou tout un chacun est encore touché, meurtri par cette guerre d’Algérie…

Comment est né ce projet avec le scénariste Swann Meralli

J’ai eu la proposition de Swann, alors que j’étais en train de finir Love story à l’Iranienne. Le projet était au départ, un collectif, ou 4 dessinateurs auraient raconté l’histoire d’une des femmes qui compose Algériennes. Et puis, il y avait une certaine réticence des éditeurs à qui Swann l’a proposé, à cause du fait que les collectifs se vendent mal… Swann m’a soumis le projet complet, dont je trouvais l’approche très intéressante, et elle était totalement différente de mon livre précédent, car l’aspect fictionnel reste fort, même si Swann s’est basé sur des témoignages pour écrire. Il a d’ailleurs réécrit la totalité du projet lorsque nous l’avons proposé à Marabulles, l’éditeur.

En quelques mots de quoi parle cette BD

L’album raconte avant tout une prise de conscience, celle de Béatrice, 50 ans, dont le père a fait la guerre d’Algérie, comme appelé, et qui n’en parle pas. Comme il ne parle pas, elle ira voir les femmes, et de rencontres spontanées en imprévus, elle va rencontrer, en France, puis en Algérie, quelques protagonistes de cette guerre, et découvrir, et le lecteur avec elle, un nouveau visage de ce conflit. Ces témoignages, multiples offrent, on l’espère, un point de vue nouveau, impartial et humain sur cette guerre.

Un travail de longue haleine j’imagine. As-tu préalablement fait des recherches, ici et sur place ?

Plus d’un an de travail en effet… C’était nécessaire, puisque la partie historique, est la plus importante du livre, je me suis donc plongé dans toute sorte de documents possibles qui évoquant cette période. La partie documentation a été très intéressante. Avec Swann Meralli, le scénariste, nous sommes même allés à Alger pendant la réalisation de l’album. Cela m’a permis d’intégrer de nombreux dessins dans des scènes se déroulant aujourd’hui mais également sur celles se situant dans le passé. Ces détails permettent d’enrichir le dessin et d’immerger notre lecteur dans le récit. Et puis, c’est un pays magnifique !

Est-ce que cette BD sera vue et lue en Algérie ?

On l’espère… Nous allons participer au festival d’Alger en septembre, et surtout rencontrer, discuter avec des gens, car l’album de bande dessinée reste un produit cher pour les amateurs. Reste à savoir, comment cette histoire sera perçue, là-bas ?

Tu t’occupes également de la maison d’édition stéphanoise Jarjille. Comment ça va ?

Jarjille va plutôt bien, nous avons un diffuseur (Makassar) depuis juin 2016, ce qui fait que nos livres sont désormais disponibles partout en France, mais aussi en Belgique, Suisse, Quebec… On a pas mal de nouveaux projets, dont deux albums d’Ella et Pitr, bien connus des stéphanois, et dont la notoriété va grandissante depuis que Gallimard leur a consacré une monographie (Comme des Fourmis – Editions Alternatives 2017). Ces deux albums sont une réédition augmentée de « Renverse ta soupe » (publié par Jarjille en 2013) et « La vieille qui faisait partie des meubles » qu’Ella et Pitr avaient publiés à compte d’auteur en 2011. Ces deux livres ont fait l’objet d’une totale refonte (Nouvelle couverture, nouvelle maquette, pages supplémentaires) pour la nouvelle édition prévue pour mai 2018. On prévoit aussi avec Alep de publier un album intitulé Écran Total, sur la base des illustrations que j’ai proposées pour l’expo Éphéméride 2017, et une nouvelle cuvée de cinq Sous-bock.

Déjà sur la brèche pour un nouveau projet, ou c’est les vacances 😉

Pas de vacances pour les auteurs bd, leur statut ne le permet pas ! Je suis déjà sur un nouveau projet, intitulé Pour la peau, coécrit avec Sandrine Saint-Marc, qui est un roman graphique érotique, et qui sortira chez Delcourt à la rentrée. Je vais ensuite enchaîner avec l’album 4 de la série les aventures de la librairie l’Introuvable, l’album s’appellera le collectionneur, et il racontera, entre autres choses la rencontre de Lucia et Max, et ce sera chez Jarjille !

Prochaine dédicace pour Algériennes, le samedi 03 mars à partir de 16h à la librairie de Paris (Rue Michel Rondet).