Caroline Tisserand, directrice générale de la Cité du design nouvellement nommée, nous expose quelques lignes de son parcours, et les axes de son projet. Rencontre :

Vous avez fait une grande partie de votre carrière dans le Nord de la France… On dit souvent que Saint-Etienne aurait pu être une ville du Nord. Qu’en pensez-vous ?

Effectivement, je trouve de grandes similitudes et en même temps des différences notables ! Au titre des ressemblances, l’accueil stéphanois n’a rien à envier à celui du Nord (qui n’est pourtant pas une légende !). D’autre part, l’histoire économique et notamment industrielle des deux territoires est assez semblable avec ses grandes périodes et ses peines… La résignation et l’humilité face à cette histoire sont également présentes des deux côtés. Le football élevé au rang d’institution est également une réalité partagée !

Au titre des différences et au delà du climat, j’ai le sentiment que le tissu économique stéphanois dispose d’une capacité de résilience supérieure avec une structuration plus avancée, notamment des filières et autres clusters. Inutile de préciser également, que la nature environnante est également très différente et que le seul endroit où faire du ski dans le Nord est un terril… En tout cas, Saint-Etienne n’a pas à rougir de sa situation et de la qualité de vie qu’elle offre à ses résidents !

Vous êtes diplômée de l’Ecole des Mines (de Nancy). Est-ce un avantage, selon vous, d’avoir cette formation d’ingénieur pour gérer la Cité du Design, la Biennale et l’ESADSE ?

Etre diplômée de l’Ecole des Mines de Nancy est un des éléments de mon parcours et de mon expérience. A ce titre, cela m’aide beaucoup ! Sans ce diplôme, je n’aurais probablement pas suivi le même chemin… Je suis persuadée que nous restons toujours acteurs de notre évolution, au sein d’une entreprise ou tout au long de notre carrière. Je considère donc bien entendu que cela est un avantage pour moi.

Faut-il avoir ce diplôme pour gérer cet établissement ? Non, bien entendu. Ingénieurs et designers sont toutefois très complémentaires et la richesse vient très souvent de la multiculturalité, alors… gageons que ce métissage sera favorable !

Vous avez œuvré notamment dans l‘enseignement autour du Design et de numérique. Le design fait-il partie de votre adn ?

Non, ce serait mentir que de l’affirmer ainsi. Mon ADN serait plutôt le goût de la transversalité et de l’approche globale, la curiosité et la remise en question régulière pour une amélioration continue… de grands principes somme toute souvent partagés par les designers ! Peut-être suis-je un peu designer dans l’âme… inconsciemment !

Quelles ont été vos premières impressions lors de votre installation ici ?

Très bonnes ! J’ai évoqué déjà le bon accueil des stéphanois dans la ville. L’accueil des agents de la Cité du design – ESADSE a été tout autant chaleureux et bienveillant. Le lieu d’implantation de l’établissement est chargé d’histoire et la réhabilitation du site (la Manufacture d’armes) va bon train… l’environnement de travail est vraiment optimal. C’est parfois difficile d’avoir le recul lorsqu’on y travaille depuis plusieurs années, mais arrivant de l’extérieur, je dirais que nous sommes privilégiés de pouvoir travailler sur ce site !

Quels sont vos grand objectifs pour la Cité, la Biennale et l’Ecole ?

Il va s’agir notamment de renforcer les relations avec les entreprises, et cela touche tant la Cité que l’Ecole ou la Biennale : créons des liens plus forts avec les entreprises pour compléter la formation de nos étudiants, pour leur proposer des stages à la hauteur de leurs attentes et de leurs talents, pour les aider dans le démarrage de leur vie professionnelle, mais aussi pour favoriser les ponts et les affaires entre les designers et les entreprises, quelles qu’elles soient… Il va s’agir de faire comprendre aux entreprises à quel point le design peut être source de valeur ajoutée et donc d’amélioration. La Biennale en sera également un outil.

Il va nous falloir gagner en lisibilité et en visibilité à l’échelle du territoire comme au-delà et ainsi devenir un véritable opérateur de développement et d’attractivité. Cela passera par des efforts de médiation et d’explication vers nos publics afin que tout un chacun s’approprie ce bel outil…

La prochaine Biennale aura lieu en 2019… Pouvez-vous nous donner, déjà, quelques pistes ?

Je sais que chacun aimerait avoir la primeur… mais il est encore trop tôt pour vous en parler !

Saint-Etienne a la chance de posséder également une Ecole des Mines. Des idées de rapprochement ou de collaboration peut-être ?

Saint-Etienne est un véritable terreau de collaborations et de partenariats pour la Cité du design – ESADSE ! Comme je vous l’ai déjà dit, ingénieurs et designers sont complémentaires et devront apprendre à travailler ensemble. Autant les rapprocher dès leurs études et leur apprendre à mener des projets communs et collaboratifs : ils en sortiront enrichis et mieux préparés à la vie professionnelle.

Mais l’école des Mines n’est pas la seule piste, même si elle est un des fleurons de Saint-Etienne : l’université, les autres grandes écoles (TELECOM, ENISE…) sont tout autant de partenaires potentiels, avec lesquels des ponts sont déjà créés.

A une autre échelle, sur le volet artistique et culturel, Saint-Etienne dispose également de joyaux avec lesquels les rapprochements sont indispensables : MAMCSE, MAI, Musée de la Mine, Site Le Corbusier… et tous les autres dont le FIL ou la Comédie, nos voisins !