Groupe emblématique du punk hardcore français, Burning Heads sévit depuis le début des années 1990 et vient de fêter son 30e anniversaire, sur scène forcément. On les retrouve à Saint-Étienne, une ville qu’ils connaissent très bien. Rencontre :
Vous avez fêté vos 30 ans de carrière l’année dernière… Quel effet ça vous fait d’être toujours là, 30 ans plus tard ?
Du bien !!! Même si une fois rentrés à la maison, on met un peu plus de temps qu’avant à se remettre de nos concerts… Quand on regarde le passé, on se dit qu’on a vraiment de la chance de vivre ça depuis autant d’années.
Vous avez opté, il y a quelques années déjà, pour l’autoproduction. Était-ce le seul moyen d’être complètement indépendant (et/ou libre) ?
Effectivement, même si musicalement nous avons toujours gardé notre indépendance (on n’a jamais eu de directeur artistique ou de plan de carrière proposé par les différents labels qui ont collaboré avec nous), l’autoproduction nous permet d’être plus libres dans les choix de réseaux de distribution de nos albums. Bien que nous ayons toujours le soutien de [PIAS] pour la distribution sur le réseau national, être notre propre « producteur » nous permet d’avoir des relations plus simples sur des coproductions avec d’autres labels en France et à l’étranger.
Le groupe est resté stable toutes ces années. Comment faites-vous pour vous supporter les uns les autres ?
On a monté ce groupe pour jouer ensemble et faire des concerts. Jouer sur scène et partager ces moments avec d’autres personnes : c’est ça qui nous tient. On ne fait pas semblant et quand on n’éprouvera plus de plaisir à le faire, alors on arrêtera. Il y a des divergences entre nous, il peut y avoir des tensions aussi, on essaye d’en parler et de s’arranger pour que ce que l’on ressente sur scène reste plus fort que nos petites querelles personnelles.
Qu’est-ce qu’internet a changé pour vous et le groupe ?
Tout, évidemment !!! Rien que la façon dont on dialogue : grâce à internet… Internet est un océan dans lequel on peut trouver pratiquement tout ce que l’on veut à condition de savoir où le chercher. C’est tellement vaste que l’on peut avoir accès à toute la musique qu’on veut et qu’on y trouve des groupes de tous les coins du monde. Tellement qu’à bien y regarder, tu te rends compte que tu n’es en fait qu’un grain de sel perdu au milieu de cet océan !!!
Le Rap n’a-t-il pas remplacé le Rock ?
Vous pouvez répéter la question ? Le Rap n’a-t-il pas remplacé le Rock (l’Electro n’a-t-elle pas remplacé la Disco…) ? Euh… la New Wave n’a-t-elle pas remplacé le Punk ? Le Grime n’a-t-il pas remplacé la Jungle ? En fait, je ne dois pas être assez fort en philo pour répondre là… Les clips de rap font plus de vues sur YouTube que ceux de rock ? Je ne suis pas sûr que ceux qui font le plus de vues soient les plus contestataires…Mais tous les groupes de rock ne sont pas contestataires non plus. Bref, pas si simple comme question, non ?
Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?
Je fais confiance à FaceBook pour me dégotter des nouveautés… J’ai beaucoup « d’amis » et les algorithmes m’envoient parfois quelques bonnes suggestions que je m’empresse d’aller écouter sur BandCamp et « Liker » pour rester en contact…
On vous a vu sur le site Ulule pour financer un nouveau van… Est-ce ça aussi l’indépendance et l’autoproduction ?
Oui, c’est aussi ça l’autoproduction : trouver des systèmes D (IY) pour pouvoir mener à bien tes projets. On a la chance d’avoir un bon suivi du public à nos concerts et beaucoup de fans ont répondu présents pour financer le projet d’achat du camion. On a un bon pécule de départ grâce à eux et un peu d’argent de côté, reste plus qu’à trouver la bonne occasion !!! Ça tombe bien, notre camion commence à accuser le coup. Même s’il roule encore plutôt bien pour ses 540 000kms, les passages chez le garagiste font de plus en plus mal…
On parle même d’un prochain livre au sujet de votre groupe… ? alors quoi ?
Exact !!! Une co-réalisation entre Sam « NastySamy » Guilllerand et Guillaume « Gwardeath » Gouardes, un jeu à quatre mains où ils vont croiser leurs plumes et leurs souvenirs pour retracer au mieux le parcours du groupe durant ces trente dernières années… Ils sont venus avec nous sur quelques dates de la tournée « Keep the Fire Burning » (30ans/30concerts) l’année dernière, s’imprégner un peu de l’ambiance et nous poser « quelques » questions et ils comptent continuer leurs investigations en allant à la rencontre de différentes personnes nous ayant côtoyés aux quatre coins de la France. Il y a d’ailleurs Saint-Étienne sur leur liste, forcément !!!
Saint-Étienne, ça vous évoque quoi précisément ?
De but en blanc : Violence, Transophobia, Radio’Dio, Mad’s Co, Sixpack, World Pets, Switch Stance, Bad Taste, Perfect Cousin, le Mistral Gagnant (et ses slams du comptoir)… la Gueule Noire (La France Pue), le Hall C, GAgaRage, le Fil…
Au fond, vous êtes plutôt Punk ou plutôt Reggae ?
Plutôt Punk et Reggae pour les concerts et un peu de tout pour le reste !!! Oi, JBe.
