Fidèle à son souci d’ouverture, la Comédie de Saint-Étienne souhaite dédier sa nouvelle saison à la lutte contre les discriminations. Arnaud Meunier, son directeur, nous donne quelques éléments de sa nouvelle programmation dont « Ensemble » sera le maître mot.

Peux-tu nous présenter dans les grandes lignes cette nouvelle saison 2019-2020 ?

Déjà ce qui est nouveau et que je souhaite souligner, c’est que c’est la première saison où les porteuses de projets, c’est-à-dire les metteuses en scène ou les autrices seront fortement représentées. La parité cette saison est clairement atteinte. C’est un symbole important. Pour la Comédie, la question de la diversité fait partie de notre image. Je pense également à notre programme de l’égalité des chances qui a maintenant 5 ans et qui porte ses fruits. En 5 ans ce sont 20 élèves qui ont réussi le concours d’une école supérieure d’art dramatique, ce qui est considérable. Je rappelle que ce sont des écoles extrêmement sélectives. Par exemple ce sont 1 300 candidats à Paris pour 30 places ou 750 candidats à Saint-Étienne pour 10 places. Ce sont des choses d’autant plus importantes que la Comédie va obtenir à l’automne prochain le label Afnor, le label « égalité et diversité ». Nous serons le premier centre dramatique national à l’obtenir.

Parlons un peu de la programmation.

Il va y avoir un fil rouge qui va s’appeler « Ensemble ». Nous avons décidé que toute la saison prochaine serait dédiée à la lutte contre toutes les discriminations (racisme, antisémitisme, LGBTQI,…). Nous allons déployer tout un travail d’actions culturelles notamment en direction des jeunes autour de cette thématique avec un point d’orgue en décembre puisque nous avons un parrain et une marraine pour ce projet qui sont Rachida Brakni et Eric Cantona et qui viendront faire deux soirées exceptionnelles avec des lectures de textes autour des thèmes évoqués. Évidemment, cette thématique se retrouve dans la programmation à travers UN « PLEINS-FEUX » consacré à l’auteur, metteur en scène, cinéaste et directeur du Théâtre de la Colline Wajdi Mouawad qui interroge avec « Tous des oiseaux » la question de l’identité. Tout le spectacle se joue en 4 langues (Hébreux, Arable, Anglais, Allemand). Il n’y a pas un mot de français ! Je mettrais pour ma part en scène « Candide », qui est le conte philosophique de Voltaire qui a cherché à populariser les idées des Lumières. Pour les familles, il y a « Thélonius et Lola », de Zabou Breitman, qui traite de la question des migrants, « Le présent qui déborde » de Christiane Jatahy d’après l’Odyssée d’Homère. À noter que nous aurons 4 spectacles en commun avec le festival d’Avignon et que ce sont 4 spectacles de femme !

Beaucoup d’auteurs « vivants » ?

J’appelle cela un état de la création théâtrale d’aujourd’hui. On peut aller du très « populaire » avec par exemple « 3 femmes » de Catherine Anne dans laquelle on retrouve Catherine Hiegel que l’on connaît bien, ou « La vie de Galilée » mis en scène par Claudia Stavisky avec Philippe Torreton, à des propositions plus pointues avec par exemple Hubert Colas qui vient nous présenter un texte de Sonia Chiambretto « Super structure » qui parle de l’Algérie… Je ne peux pas tout citer mais il y aura vraiment une belle programmation ! Rappelons aussi qu’à la Comédie, parmi les créations, il y aura aussi de la danse avec Julie Deliquet par exemple qui va revisiter « Un conte de Noël » d’après le film d’Arnaud Desplechin ou Jean-Baptiste André et Dimitri Jourde pour « Deal ». Le collectif stéphanois AOI va également proposer « La bêtise », créé par Cécile Vernet dans le cadre de la Comédie itinérante…

Le dernier mot ?

Nous sommes en train de conclure la plus grosse saison historique de la Comédie. Nous comptons environ 55 000 entrées. Cela fait énormément plaisir de voir que le public suit, et de constater toute la gourmandise et la curiosité qu’on a su développer ensemble. Souhaitons donc que la prochaine saison soit encore meilleure 😉